« J’aime les projets qui sortent de l’ordinaire »

Quand, en juin 2023, David Castera a annoncé le lancement du Dakar Future-Mission 1000, un challenge dédié aux nouvelles technologies qui promeuvent les énergies alternatives, le visage de Willy Jobard s’est fendu d’un grand sourire. À 48 ans, le Levalloisien émigré en Andalousie y a vu l’occasion rêvée pour travailler à l’un de ses grands projets : engager une moto 100 % électrique sur un rallye-raid. Son engagement sur ce nouveau format n’étonnera pas ceux qui connaissent Willy. Cet amoureux de la nature cherche depuis des années à conjuguer sa passion pour le sport moto avec les problématiques du XXIe siècle. Il fait un essai dès 2010 en s’engageant sur le Dakar avec une machine hybride. En 2021, il retente le coup avec une moto hybride alimentée à l’hydrogène. Cette participation, sa dernière en date, s’est soldée par un abandon après une chute. Pas de quoi le faire renoncer. Trois ans plus tard, Willy est de retour avec un nouveau projet. Sa philosophie a tapé dans le mille chez Arctic Leopard, jeune constructeur chinois de motos tout-terrain électriques. Créée en 2021, l’entreprise a adapté sa moto d’enduro, la E-XE880, aux spécificités du rallye-raid. Trois véhicules seront engagés sur Mission 1000, dont celui de Willy. Son expérience, son ouverture d’esprit et son abnégation ne peuvent qu’être bénéfiques à cette aventure. Fidèle à lui-même, le Français voit plus loin et espère qu’à terme, la moto pourra atteindre une autonomie suffisante pour participer à un rallye-raid « classique ». En ce sens, Mission 1000 remplit parfaitement son rôle de laboratoire pour les technologies qui, un jour, peupleront peut-être les caravanes du Dakar.

« Il faut penser à l’avenir et essayer de trouver de nouveaux défis. L’opportunité s’est présentée avec Arctic Leopard. Le patron est 100 % fan du projet, il est rentré dedans en quelques minutes ! Tout le monde est à fond, du boss aux techniciens de l’usine. Mon idée de base était de faire un rallye avec une moto électrique, et le Dakar Future-Mission 1000 est arrivé à ce moment-là. Ça tombait bien ! Nous avons installé de quoi permettre à la EX 880, moto d’enduro, de faire du rallye. La batterie est plus grosse, et on a vu lors de tests qu’en roulant intelligemment, on peut faire jusqu’à 160 kilomètres. Mais cela dépend vraiment du pilote et de la conduite adoptée. Il va falloir rouler avec la tête et assurer l’autonomie de la machine. Il y a mille possibilités de gérer le moteur, la puissance, la batterie… C’est hallucinant ! Et quand tu tournes la poignée, c’est aussi du délire. Il n’y a pas à rougir face aux 450 cm3 thermiques ! L’objectif est de finir les spéciales et d’essayer d’aller au bout de la course sans rencontrer de problème. Mission 1000 est un galop d’essai pour nous. C’est une compétition technologique et on veut prouver qu’on peut proposer autre chose que du moteur thermique. J’aime ces projets qui sortent de l’ordinaire. »