« Ce qui importe, c'est la position sur la ligne d'arrivée »

Ales Loprais est depuis longtemps l’un des principaux concurrents du Dakar. Il est issu d’une famille qui a connu d’énormes succès sur le rallye le plus difficile du monde. Son oncle Karel, aujourd’hui décédé, a été six fois vainqueur des camions, inspirant toute une génération de pilotes en République tchèque, tandis que son père Milan a créé l’équipe Loprais Tatra, qu’Ales a lui-même rejointe au milieu des années 2000. Après avoir mis de côté ses études de droit, il a commencé sa carrière sur le Dakar en tant que navigateur pour Karel, le dernier vainqueur tchèque en camions en 2001. Ales a ensuite pris le volant en 2007 et ne l’a plus lâché, enchaînant les places dans les cinq premiers en Afrique, en Amérique du Sud et en Arabie Saoudite. Son meilleur résultat est une troisième place derrière Hans Stacey et Ilgizar Mardeev en 2007, mais le rêve ultime est de monter sur la plus haute marche du podium et d’ajouter un nouveau trophée Touareg à la collection de familiale. L’année dernière, Ales était en bonne place pour la victoire finale, devançant le futur vainqueur Janus van Kasteren de près d’une demi-heure à cinq étapes de l’arrivée, mais son Dakar a malheureusement connu une fin tragique. Lors de la neuvième étape, Ales a percuté un spectateur sur le côté aveugle d’une dune, lequel a succombé à ses blessures, et l’enquête qui s’en est suivie l’a contraint à se retirer du rallye. Après une période d’introspection, l’homme de 43 ans a décidé de revenir pour le Dakar 2024, où il sera rejoint pour la troisième année consécutive par le talentueux navigateur Jaroslav Valtr Junior, dont le père Jaroslav Senior et le frère Michal sont également engagés dans la catégorie. Le mécanicien expérimenté Jiri Stross revient également pour son deuxième Dakar avec Ales après 2017, ayant également travaillé avec le père de Jaroslav en 2016. Au volant de leur Praga V4S DKR presque inchangé et affectueusement appelé « Lady », ils sont déterminés à gagner la bataille des mastodontes entre Alula et Yanbu.

A.L. : « Le Dakar 2023 a été terrible pour moi. La situation était très difficile. Je ne savais pas si je devais continuer ou non, mais j’ai décidé de poursuivre. Nous avons fait cinq séances d’essais en Europe et nous avons pris la décision de repartir pour le Dakar. Je reviens donc et j’espère que nous serons encore plus forts. Je reviens avec le même camion, presque sans changement, parce que le camion et moi sommes parfaitement adaptés l’un à l’autre, nous sommes liés. Cette machine est comme un être humain pour moi, c’est comme si elle était vivante. C’est toujours notre Lady et elle est capable d’être au top. L’année dernière, j’étais en tête du rallye, mais cela s’est déjà produit plusieurs fois dans le passé. Je ne compte jamais comme ça. Ce qui importe, c’est la position sur la ligne d’arrivée. J’ai confiance en mes compétences et en celles de Lady, et je crois en l’équipage. Jaroslav m’accompagne pour la troisième année, et nous prenons Jiri pour la deuxième fois. Je souhaite ardemment être le meilleur. Le résultat est déjà écrit quelque part dans l’univers, il suffit de suivre les étapes. »

J.V. : « C’est vraiment agréable de concourir aux côtés de la famille. Vous ne laisseriez pas votre père seul dans le désert, n’est-ce pas ? Alors si nous le voyons, le moins que nous puissions faire est de nous arrêter et de lui demander s’il a besoin d’aide. Je m'attends à ce qu’il soit à nouveau au premier rang, et j’espère que nous le serons aussi. C’est le premier Dakar de mon frère, Michal, alors je lui conseille d’y aller petit à petit. N’essayez pas de rivaliser avec les plus expérimentés, restez derrière et essayez de finir le rallye. En famille, c’est plutôt une collaboration. Ales et moi avons une bonne entente, ce sera notre troisième Dakar ensemble. Nous avons eu de bonnes performances en 2023, et même en 2022, lorsque nous étions le seul camion parmi les Kamaz. Vous passez 10 heures par jour dans trois mètres cubes avec trois personnes, donc pour moi une bonne ambiance est la chose la plus fondamentale si vous voulez réussir. Lorsqu’une équipe commence à se disputer et à se faire des reproches, ses performances diminuent toujours. L’année dernière a été passionnante parce que nous avions l’impression d’avoir chaque jour un nouveau leader, avec tous les problèmes et les pénalités. »

J.S. : « Le Dakar est toujours un grand défi et j’ai vraiment hâte d’y être. C’est mon deuxième départ avec l’équipe. Ales est un très bon pilote et Jarda est un bon navigateur. En 2017, nous avons connu quelques problèmes techniques, mais c’était quand même bien. Le rôle du mécanicien est aussi important que celui de chaque membre de l'équipage et de toute l’équipe. »