« On met tout en place pour être dans le match »
Crew facts
M.S.
- C’est sur deux roues que Mathieu Serradori a fait connaissance avec le Dakar, convertissant son statut d’enduriste de premier plan au niveau national par une 51e place pour son baptême du sable, en Amérique du Sud (2009). Il garde de son séjour à moto une 21e position l’année suivante.
- Après quelques années de pause, il se présente sur l’édition péruvienne de 2019 avec une double casquette de pilote et de préparateur de buggys. Le Varois s’installe parmi les pilotes qui comptent en 2020, terminant 8e du classement général. Son coup d’éclat sur la 8e étape fait de ce chef d’entreprise dans le secteur de l’électricité le premier réel pilote amateur vainqueur d’une spéciale depuis Guy Deladrière en 1988. Et le dernier à ce jour.
- Dans l’esprit de Jean-Louis Schlesser, Serradori s’est affirmé comme le poil à gratter capable de batailler avec les gros constructeurs, défendant le romantisme et l’esthétique des deux roues motrices. En plus de remporter la catégorie trois fois, il a hissé son buggy maison CR6 à la 7e place du classement en 2022. L’année de sa première participation avec Loïc Minaudier, devenu son fidèle navigateur.
- La différence entre les 2RM et les T1+ se faisant de plus en plus ressentir, le Varois a développé, en collaboration avec Century, un 4x4 pour rivaliser avec les meilleurs. Un pari gagnant puisqu’il a obtenu son meilleur résultat d’entrée de jeu avec le CR7 (6e), en plus de finir premier pilote français. Perfectionniste, Mathieu ne laisse rien au hasard, du physique à la technique en passant par la diététique, dans l’optique d’atteindre son rêve ultime : remporter le Dakar.
L.M.
- Loïc Minaudier compte le même nombre de Dakar que Mathieu Serradori (11 en 2026), et ce n’est pas leur seul point commun. Lui aussi a débuté par l’enduro, avec un titre de champion de France National 1 à la clé en 2011. Il a montré une ténacité et une régularité exemplaires lors de ses cinq participations consécutives au Dakar à moto, de 2016 à 2020. Elles lui ont octroyé cinq médailles de finisher dans le Top 35, et une 23e place en 2019.
- La maturité conduit souvent les motards vers le siège de droite lors de leur conversion à l’auto. C’est ce qui s’est produit avec Loïc, engagé sur le Dakar 2021 au côté de Lionel Baud (22e), avant de rejoindre Serradori. Ils forment aujourd’hui l’un des équipages les plus stables et solides, tant en termes de collaboration dans le temps que de performance. Les deux hommes ont développé une forte relation leur permettant de comprendre l’autre en un regard, un mot ou une intonation, et savoir réagir en conséquence dans l’auto.
- L’Aveyronnais est devenu un navigateur de référence en rallye-raid, et croule sous les sollicitations en auto… mais aussi à moto ! Entre les courses sur lesquelles il continue de s’aligner (enduro, montée impossible), « Minau » a monté un centre de formation (Ténéré Spirit Expérience) par lequel passent de nombreux aspirants au Dakar pour s’initier à la lecture du road-book. Les motards francophones le considèrent comme le guide de la navigation.
- Attaché à l’étiquette d’outsider plutôt que celle de favori, l’ancien enduriste a obtenu le meilleur résultat de sa carrière en 2025 (6e). L’adrénaline suscitée par la lutte pour les premières positions n’a fait que renforcer ses aspirations Dakariennes, bien qu’il se force à conserver le même état d’esprit que lors de ses premières participations.
Ambition
M.S. : « Le Dakar 2025 était notre premier en quatre roues motrices. J’étais globalement satisfait avec cette sixième place. L’équipe a fait un travail extraordinaire sur cette course de fou. On a ensuite montré de belles choses en Afrique du Sud, jusqu’à rencontrer un souci mécanique pendant l’étape marathon. Dommage, car la performance était là. Même schéma au Rallye du Maroc, avec un nouveau châssis, et un tout petit ennui qui nous prive du Top 5 le dernier jour. On a du très bon matériel fourni par Century, avec une grande évolution châssis par rapport à l’année dernière, qui devrait nous permettre d’être plus rapides. On est dans un état d’esprit conquérant, et on met tout en place pour être dans le match. On passe beaucoup de temps ensemble avec Loïc, on a également participé au Casteu Trophy, que nous avons remporté à deux à moto. C’était une expérience incroyable de faire autre chose que de la compétition de rallye-raid. On travaille toute l’année avec notre préparateur mental qui nous aide dans notre duo. À mes yeux, ce suivi est aussi important que la préparation physique, et sur des courses comme le Dakar ou les autres rallyes, on a un débrief tous les soirs avec ces sujets-là. Le Dakar reste un rêve que nous avons tous les deux avec Loïc. »
L.M. : « C’est déjà mon 11e Dakar. J’y vais comme si c’était le premier sur la partie plaisir, avec un peu plus d’expérience dans mon sac à dos ! Le challenge évolue continuellement depuis que j’ai commencé à moto et c’est pour cela qu’il y a toujours autant d’adrénaline et d’excitation avant de prendre le départ. L’édition 2025 fut celle d’une plus grande maturité pour nous, car on s’est bagarré tout au long avec les cadors, à se dire qu’il pouvait y avoir une opportunité. Terminer sixième, c’est comme une victoire pour nous face aux équipes et infrastructures d’usine. On a toujours voulu la casquette d’outsider, parce qu’on se bat avec des Loeb ou des Al Attiyah qu’on regardait autrefois à la télé. Il faut qu’on kiffe notre moment : le jeu, mais pas l’enjeu. Je suis impatient de revivre les sensations de l‘an dernier, la bagarre aux avant-postes. On a le droit de rêver, alors on rêve. Comme disait Peterhansel : on fera tous des erreurs, ce qu’il faut, c’est faire les plus petites erreurs possibles. Il va falloir se maîtriser mais on se connaît par cœur avec Mathieu, on sait s’adapter. On a vraiment l’esprit guerrier dans l’équipe, on est tous là pour le même combat et quand tu le sens, ça motive encore plus.
