« De l’historique à la réplique »

Michel et Fred ont forgé leur complicité en rallye-raid, d’abord en tant que rivaux en piste, avant de faire équipe durant une dizaine d’années. À partir du milieu des années 2000, les deux Altiligériens écument les rallyes non FIA et les raids en Afrique. En quad, SSV, 4x4, leur expérience du terrain et de la mécanique est acquise quand débarque le Dakar Classic, « au bon endroit au bon moment », pour Michel qui avait fait l’acquisition trois ans auparavant d’un Nissan Patrol Dessoude ex Pescarolo. Les deux amis n’y résistent pas et s’engagent sur la deuxième édition en 2022. Au bivouac, ils constatent rapidement que la Porsche réplique Rothmans avec laquelle ils partagent l’assistance fait bien plus tourner les têtes que leur authentique véhicule historique au pedigree patenté. Ils rentrent de cette première expérience et la digère en faisant l’impasse de la troisième édition. Pas rancuniers ni revanchards, ils décident de basculer du côté de la réplique et l’idée de la 4L des frères Marreau s’impose rapidement. Par respect pour ces pionniers, les Auvergnats les contactent afin d’obtenir leur feu vert à la reproduction de la déco de la 4L jaune et noir affublée de ses partenaires d’époque Africatour, Facom, Elf et Paris Match. Si les Marreau ne sont pas parrains de l’aventure, ils ne s’y sont pas non plus opposés et la base de 4L Sinpar, ex-gendarmerie nationale française pour la petite histoire, sera donc bien aux couleurs de la numéro 120 du Dakar 1980. Celle de la deuxième tentative des Marreau, qui s’est soldée par une place sur le podium à Dakar, entre les VW Iltis de Zaniroli et celui de Ragnotti, rien que ça. Comme elle, la 4L de Michel et Fred sera équipée d’un moteur de R5 Alpine qui développe 93ch d’origine. À n’en pas douter l’une des coqueluches du Dakar Classic 2024… qui ouvrira la voie aux Dacia annoncées sur le Dakar 2025.

M.B. : « Notre premier Dakar Classic 2022, on l’a fait sans problème mais aussi sans retombées médiatiques. En plus on était venu chercher un challenge un peu plus dur. Pour cette année, je voulais d’abord repartir avec une Katar, un véhicule quatre roues motrices de 30ch qui a participé trois fois au Dakar dans les années 80. Je me disais que le parallèle entre la Toyota numéro 1 de Nasser Al Attiyah aux couleurs du Qatar et le nom de ce véhicule pouvait attirer l’attention. Mais avec Frédéric, on en est arrivé au consensus de la 4L. On mettra sûrement deux à trois heures de plus par jour qu’avec le Nissan, mais on sait rouler dans les pierres et dans le sable tout en ménageant la monture que je connais parfaitement pour l’avoir construite. Je suis à la retraite depuis le 1er janvier 2023, j’ai transmis l’entreprise de métallerie et de serrurerie à mes fils. Je pensais avoir du temps pour m’occuper de la réaliser tranquillement, mais en fait je passe encore mes journées sur les routes à faire des dépannages. »

F.B. : « Notre premier Dakar Classic 2022 a été une belle expérience, mais on a rencontré un peu moins de challenge que ce que l’on aurait pensé du fait du véhicule très adapté, surdimensionné même par rapport aux exigences du Classic en termes de performance comme en termes de fiabilité. Pour nous qui étions habitués au rallye-raid, cela a été presque trop facile, j’ai un peu honte de le dire. On a aussi souffert du manque de visibilité de notre Nissan Dessoude qui était pourtant un des rares véritables véhicules historiques qui avait gagné des choses au Dakar. C’est pour cela que nous ne sommes pas revenus l’année dernière. Cette année, on s’est dit que l’on allait faire autrement : puisque l’historique n’est pas mieux vu que la réplique, on s’est tourné vers celle de la 4L des frères Marreau. C’est une voiture de légende des premiers Dakar qui est restée dans les esprits parce qu’elle a prouvé que des privés pouvaient rivaliser avec les usines. C’est un véhicule populaire qui est dans le cœur des Français et qui est aussi un pont générationnel. Et c’est quand même une voiture qui a la base n’est pas faite pour ça, avec laquelle on devrait en baver. Avec près de 100ch pour une tonne, ça devrait avoiner un peu aussi.»