« Je commence à avoir un peu d’expérience »

En voilà un qui n’a pas froid aux yeux. Jean-Rémy Bergounhe est un homme pressé, avide de sensations fortes. L’Aveyronnais a toujours été passionné d’enduro et d’automobile surtout s’il est possible de réaliser des acrobaties au volant. À tout juste 16 ans, l’ado apprend à rouler avec une voiture... sur deux roues ! Une vocation est née. S’ensuivent deux ans d’itinérance à travers la France et des spectacles de cascades par dizaines. Une vie en caravanes dont a été témoin Lionel Costes, son binôme sur ce Dakar et pote des années enduro. Artisan de métier, Jean-Rémy Bergounhe monte sa première boîte à 20 ans. Aujourd’hui, ce chef d’entreprises fait travailler 1200 personnes dans 11 sociétés différentes. Tout récent sexagénaire, Bergounhe, fervent défenseur d’une certaine idée de la liberté, assiste à la naissance du Dakar et nourrit le rêve d’y participer pendant des décennies. Il s’élance sur le tard, au Rallye de Merzouga, puis, brièvement sur l'édition 2019 (ab. 3e étape). Mais son coup de volant est repéré par Mathieu Serradori. Le Varois le place dès l'année suivante dans le baquet d’un de ses buggys. Bergounhe exploite parfaitement l’opportunité à l'instar de cette 18e place finale décrochée en dépit d’une collection de crevaisons et d’un tonneau. Pour cette édition, le duo formé avec Lionel Costes se veut revanchard. En 2023, la paire aveyronnaise perd 5 heures après avoir volé sur un plateau de sable à l’endroit même où Carlos Sainz a lui aussi décollé. Résultat ? Train avant droit ouvert, direction assistée tordue et fixations du châssis arrachées. Avant cette sérieuse mésaventure, l'équipage Bergounhe-Costes était aux portes du top 20...

J-R.B. : « En 2023, on perd 5 heures, c'est beaucoup sur un Dakar. Le récent Rallye du Maroc nous a rassurés sur l'évolution de la voiture. C'est le 3e Dakar avec l’Optimus, un Evo 4. Ce n’est pas la dernière version mais il a de plus gros freins, l’injection est différente et la boîte de vitesse, testée au Maroc, est très satisfaisante. C’est la première fois qu’on peut rouler avec le véhicule avant le Dakar. On est donc mieux préparés que d'habitude. L’objectif reste le top 20. Mais ça va être chaud, notamment avec cette avant-dernière spéciale. On a beaucoup de chance de faire le Dakar, c’est mon 6e. Je commence à avoir un peu d’expérience et c’est important dans ce type de rallye. Cette année, on fait le choix du carburant de synthèse. C’est un coût mais il en va du respect de l'environnement. »


L.C. : « Je connais Jean-Rémy depuis mes 15 ans. On faisait de l’enduro ensemble. Je suis son 4e copilote sur le Dakar. On est ravis, le feeling est passé. Notre objectif est d’intégrer le Top 20. Je me souviens d’une époque où j’allais voir les véhicules à Château-Lastours. Le Dakar c’est une aventure humaine, celle d’une bande de copains. Aujourd'hui, c’est une très grosse course, très médiatisée mais ça reste une grande famille. On a la chance de vivre des choses comme ça alors il faut en profiter. Mon idéal serait d'avoir le budget pour faire le Dakar avec Adrien, mon grand fils. Adrien et Paul ont déjà disputé le Rallye du Maroc en moto à deux reprises (en 2022 et 2033, ndlr). J'ai envie d’en faire un avec chacun de mes enfants. Quand tu es au volant et que ton fils te dit "papa à droite", c’est magique ! Mes enfants se sont mis à la moto car je faisais beaucoup d’enduro à l’époque. On fait de la voile aussi car on a un bateau à la Grande-Motte. »