Les rescapés de la troisième étape

Dakar 2023 | Étape 3 | AL DUWADIMI > AL SALAMIYA
3 janvier 2023 - 16:57 [GMT + 3]

Matthieu Dovèze, Jean-Loup Lepan et Neels Theric ont fait partie des derniers pilotes à rallier l’arrivée de la spéciale avant que la course ne soit neutralisée au CP3. Trempés mais heureux, les trois lascars n’ont pas boudé leur plaisir durant les derniers kilomètres d’une étape qui fera date.

Ils sont passés entre les gouttes. Ou presque. « J’ai adoré, lâche Matthieu Dovèze en enfilant le sac poubelle qui devrait le protéger du froid lors des 160 km de liaison qui vont le conduire au bivouac de Ha’il. La trace était pleine d’eau, ça glissait vraiment… Du vrai pilotage, quoi ! A la fin c’était même du surf ! C’était vraiment marrant. » Arrivé peu après à l’ASS, Jean-Loup Lepan a visiblement un peu moins goûté l’expérience. « Marrant, lance-t-il. Ah oui ! J’imagine bien le goret faire des grandes gerbes d’eau dans les ornières. » Troisième larron à savourer le moment, Neels Theric, lui, résume ses derniers kilomètres en ces termes : « C’était la guerre ! Heureusement qu’on n’a pas été rattrapés par les voitures. » Ce dernier est le moins expérimenté des trois. C’est son tout premier Dakar. Il a connu Matthieu sur des épreuves d’enduro et Neels lors du rallye du Maroc, course qui lui a permis de se qualifier pour le Dakar. Depuis le départ du rallye, le rookie dont la seule ambition est de rallier l’arrivée s’applique en s’inspirant des copains. « J’essaie de les suivre pour apprendre. Là, j’ai fini la spéciale avec Jean-Loup car je n’avais plus de road book. J’ai pris sa roue mais il n’arrêtait pas d’en mettre pour me lâcher ! » Et les gaillards de se marrer avant de profiter de la petite cantine installée derrière l’ASS pour manger chaud avant de s’enfiler la liaison vers Ha’il dans le froid. Comme Neels, Jean-Loup est avant tout là pour voir Damman. Lui qui tient la passion du Dakar de son père, un ancien concurrent du plus célèbre des rallye-raids, n’en est qu’à sa deuxième participation. Mais ce ne sera certainement pas la dernière tant il semble accroc à cette course. Pour preuve, comme son père, il s’est fait tatouer l’emblématique Touareg créé il y a maintenant 45 ans par un certain Jacques Vivant. « Ma position à l’arrivée n’a pas d’importance, explique-t-il. Je veux voir Damman, et je serais le plus heureux si tout le monde en faisait autant. »

Ça ne sera pas le cas, le rallye ayant déjà enregistré nombre d’abandons, dont ceux de Sunderland et Brabec, deux candidats à la victoire. « Les deux premières journées étaient vraiment cassantes, témoigne Jean-Loup. C’est une course où il faut savoir rendre la main. J’ai d’ailleurs failli m’en prendre une belle aujourd’hui… Un Dakar peut s’arrêter à tout moment. Mais bon, le plus dur reste quand même de trouver l’argent pour pouvoir partir. » Ce n’est pas Neels qui dira le contraire. Lui a même fait un prêt étudiant pour payer son engagement. « Chut, il ne faut pas le dire, s’amuse-t-il. Mon banquier ne serait pas content s’il l’apprenait. » Quitte à s’endetter, Neels a bien l’intention de profiter de chaque instant passé en Arabie saoudite. « J’essaie d’être régulier sans prendre trop de risques, explique-t-il. Je veux aller au bout en profitant des paysages qui sont magnifiques. Du sable couvert de verdure, je n’avais encore jamais vu ça. » S’il profite aussi du décor et regrette de ne pas avoir pu participer à l’une des éditions sud-américaines, Matthieu Dovèze affiche des ambitions plus élevées. Cet ancien enduriste converti au rallye-raid fait aujourd’hui partie des meilleurs pilotes français de la discipline. « Mon objectif est de figurer dans le top 25 durant la première semaine puis de profiter des éliminations dans la seconde pour accéder au top 20, avance-t-il. Malheureusement, j’ai connu quelques mésaventures sur le début de course. J’ai perdu du temps le premier jour à cause d’un fil barbelé enroulé dans ma roue arrière, et le lendemain j’ai dû rendre la main à cause d’un pneu abîmé alors que j’avais bien attaqué la spéciale. Mais bon la course est encore longue. » Aucun des trois ne s’en plaindra.

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