« Qui part comme un lion finit comme un con »
EN BREF...
J.C.
- Ce chef d'entreprise basé dans le Pas-de-Calais fournit des composants pour Siemens, General Electric et Naval Group notamment. Après 30 ans de carrière et de vraies réussites, Jérôme Cambier décide de se lancer dans l'aventure du rallye raid et se fait rapidement connaître au Rallye du Maroc 2023 lorsqu'il s'impose en Open aux cotés de Pascal Delacour, son copilote sur ce Dakar.
- Le Dakar est un rêve qui se concrétise. « Rouler en Arabie Saoudite, c’est magnifique. On est un spationaute. Quel plaisir ce surf dans les dunes ! J'adore ça ! Dans les vallées aussi, entouré de roches noires, d'arbustes... Ce pays m'a marqué ! »
- Très sportif depuis son plus jeune âge (ski, jet ski, VTT, raids en tout genre, raids 4L, char à voile, etc), Jérôme aime cajoler ses petites voitures, les sortir de sa chambre et les disposer à sa guise dans le jardin familial.
P.D.
- Pascal Delacour est installé à Granville, port de pêche normand, dont le sol est fait à partir de coquilles d'huitres. Ce pêcheur de Saint-Jacques (200 tonnes sur la saison) est debout tous les matins dès potron-minet en compagnie de sa chienne Opale, un carlin de 7 ans, qui l'accompagne depuis ses 4 mois, à chaque sortie en mer sur son chalutier, le bien nommé « champ des sirènes ».
- Fils de Pierre et petit-fils de Georges, tous deux pêcheurs, le petit Pascal est à bonne école. Il grandit dans le modeste appartement familial, sans le sou. Peu importe. Il se souvient de son papy, Georges qui traversait l'Atlantique, ralliait Terre-Neuve pour pêcher la morue pendant six mois : "Il fallait être bon en navigation car ça se faisait au sextan"
- Ado, Pascal, dont le surnom est « le Roc », pratique l'enduro et joue au foot à l'US Granville au poste de libéro. Son amour du copilotage vient des chasses au trésor qu'il organisait dans les champs lorsqu'il était enfant. Ce véritable gai luron, fan d'Ari Vatanen, aime dédramatiser. Et il regrette une époque pas si lointaine où il était possible d'acheter une Simca ou une R12 dans une casse, d'enfiler un casque et de « se taper dedans dans une carrière ! »
AMBITION 2025
J.C. : « En 2024, on a eu une panne d'extincteur au prologue. Résultat, on démarre dernier mais on remonte trente véhicules. Puis, il y a ce choc avec une butte, un talus qui me plie le train avant. Le volant est désaxé, je décide de faire le Dakar comme ça. Le 2e jour, je casse la boîte, ça nous coûte un jour de maintenance mais après je vis une aventure magnifique, et en fin de compte je vais jusqu'au bout, je finis ! Le but cette année est de ne plus faire les mêmes erreurs, repartir au taquet, être constant, se faire plaisir. Et quand le soleil est au zénith, tu ne voies plus les ombres, tout est au même niveau. Tu as l'impression d'être dans un océan de sable alors que devant toi il y a une dune de 2 mètres de haut. J'aime prendre du plaisir, partager, découvrir et glisser sur les dunes ».
P.D. : « Mon objectif est de faire toutes les étapes, de les terminer. Comme dit le dicton bien connu dans le rallye raid, qui part comme un lion finit comme un con. Le Dakar c'est un marathon, sauf pour les pilotes d'usine. Dans la voiture, j'emploie des termes qui viennent de la navigation maritime. J'ai beaucoup appris avec Jean-Marie Lurquin. L'Arabie Saoudite c'est magnifique. La nav, ça me connaît, les caps, je suis dedans tous les jours dans mon métier de marin. Le bricolage c'est le même sur un bateau de pêche. Une passerelle de bateau de pêche c'est un avion de chasse. Les vagues ça ne se prend pas de face. Les dunes c'est pareil. Sur leur écran, les copilotes mettent la rose des vents, je n'ai pas compris à quoi ça sert, ils se rassurent avec ça, car le Nord sera toujours au Nord et le Sud toujours au Sud... (rires) »
