« Maintenant, on est à la page »
EN BREF
M.S.
- C’est sur deux roues que Mathieu Serradori a fait connaissance avec le Dakar, convertissant son statut d’enduriste de premier plan au niveau national par une 51e place pour son baptême du sable, en Amérique du Sud (2009). Il garde de son séjour dans la catégorie une 21e place l’année suivante.
- Après quelques années de pause, c’est avec une double casquette de pilote et de préparateur de buggys qu’il s’est présenté sur l’édition péruvienne de 2019. Et l’année suivante, à nouveau associé à Fabian Lurquin (l’actuel copilote de Sébastien Loeb), le Varois s’est bel et bien installé parmi les pilotes qui comptent en allant chercher la 8e position du classement général final. Cette année-là, son coup d’éclat sur la 8e étape faisait de ce chef d’entreprise dans le secteur de l’électricité le premier réel pilote amateur vainqueur d’une spéciale du Dakar depuis Guy Deladrière en 1988.
- Dans l’esprit de Jean-Louis Schlesser, Serradori s’est affirmé comme le poil à gratter capable de batailler avec les gros constructeurs, en défendant le romantisme et l’esthétique des deux-roues motrices. En plus de remporter la catégorie à trois reprises, il a surtout hissé son buggy maison CR6 à la 7e place du classement final 2022. C’était aussi l’année de sa première participation en compagnie de Loïc Minaudier.
- Conscient que l’objectif du Top 5 devient de moins en moins réaliste en raison de la différence de performance entre les 2RM et les T1+, Serradori a développé en collaboration avec Century Racing un 4x4 qui pourrait lui permettre de rivaliser avec les meilleurs, et qu’il pilotera pour la première fois sur le Dakar en 2025. Armé de son CR7, Mathieu se présente déterminé à poursuivre son rêve de gagner le Dakar… un jour ou l’autre.
L.M.
- Présent comme Mathieu Serradori pour la dixième fois sur la liste de départ du Dakar, Loïc Minaudier a lui aussi débuté par l’enduro, avec un titre de champion de France National 1 à la clé en 2011. Sur ses cinq participations consécutives à moto, il a montré une ténacité et une régularité exemplaires, qui l’ont mené en 2019 au 23e rang de la hiérarchie.
- La maturité conduit souvent les motards sur le siège de droite lors de leur conversion à l’auto. C’est ce qui s’est produit pour Loïc, engagé sur le Dakar 2020 au côté de Lionel Baud, cette première expérience s’achevant en 22e position.
- Depuis son association avec Mathieu Serradori, l’Aveyronnais est devenu un navigateur de référence en rallye-raid. Entre les courses sur lesquelles il continue de s’aligner à moto et les rallye-raids, Minaudier a d’ailleurs monté un centre de formation (Ténéré Spirit Expérience) par lequel passent de nombreux aspirants au Dakar pour s’initier à la lecture du road-book notamment.
- Loïc Minaudier met une implication maximale dans le duo qu’il forme avec Serradori. Cet automne, en même temps qu’il soignait une cheville blessée dans un centre de rééducation, il a été accueilli pendant six semaines chez son pilote. L’expérience de cette vie commune, en famille, participe aussi à la solidité de leur complicité.
AMBITION 2025
M.S. : « Jusqu’ici j’avais toujours roulé en deux roues motrices et j’y étais attaché, mais j’ai été très excité dès le début du développement du CR7. Et le gain de performance est remarquable. Avec le buggy on pouvait rivaliser sur les portions vraiment rapides, au-delà des 100 km/h, mais nous étions en retrait sur tous les franchissements de dunes et les relances, par exemple. Quand je l’ai pris en mains pour la première fois en avril sur le Morocco Desert Challenge, j’ai été surpris par son efficacité. Maintenant, on est à la page. Nous avons fait des essais en Namibie, en Afrique du Sud, au Maroc. Et sur le Rallye du Maroc, même si nous étions enregistrés en Open pour des raison réglementaires, nos chronos nous plaçaient en haut de tableau.
Nous comptons bien animer le Dakar en tant qu’outsiders. Il va être très compliqué pour tout le monde et cela fait longtemps qu’il n’a pas été aussi ouvert. Les parcours dédoublés et la 48h Chrono vont ouvrir de nouvelles perspectives en termes de stratégie. Ça risque d’être un casse-tête mais on a beaucoup travaillé dans ce domaine avec Loïc. Depuis quatre ou cinq ans, le Dakar prend énormément de place dans ma vie et mon rêve c’est de le gagner. C’est pour cela que je suis très exigeant et que je vais chercher tous les petits détails. Alors je ne sais pas si ce sera pour cette année, mais espérons que ce soit un palier. »
L.M. : « Le challenge évolue continuellement depuis que j’ai commencé à moto et c’est pour cela qu’il y a toujours autant d’adrénaline et d’excitation avant de prendre le départ. Maintenant c’est beaucoup plus structuré, rien n’est laissé au hasard. Et cette année on passe dans la cour des grands, donc nous sommes dans l’impatience de rentrer dans la bataille. Je sais qu’on a gravi les échelons, on a bossé et on a été sérieux. Personne ne peut se sentir totalement serein parce que sur le Dakar tout peut s’arrêter à chaque kilomètre, mais toute les cases sont cochées.
Avec Mathieu nous vivons comme des frères, on partage beaucoup de choses. Par exemple j’ai passé six semaines chez lui cet automne et je ne pense pas qu’un seul duo parmi les équipages de pointe ait passé autant de temps ensemble. Cela jouera certainement sur la performance. Je sais qu’avec le Dakar je vis un rêve, mais il demande aussi des sacrifices. Je ne veux pas me donner un objectif de classement, seulement vivre des émotions fortes et être dans la magie de l’aventure. Ensuite, on verra bien si on est récompensés par un résultat ».