« Il faut que le drapeau du Maroc soit sur le podium d’arrivée »
EN BREF…
S.M.
- Souad Mouktadiri va écrire une nouvelle page de l’histoire des sports mécaniques en janvier. À 53 ans, elle sera la première marocaine au départ du Dakar. Et compte bien boucler la boucle en étant aussi la première à en franchir l’arrivée.
- Née à Casablanca, elle tombe amoureuse du désert « sur le tard », lors d’un voyage durant lequel elle part à la découverte du Maroc. La vue de ces grands espaces de sable l’envoûte, et c’est le coup de foudre. Les raideurs ne sont alors pas habitués à voir une Marocaine s’aventurer seule en ces contrées. À leur curiosité répond celle de Souad, quand elle les voit grimper les dunes. Elle promet de revenir pour leur emboîter le pas. Ce qu’elle fera après s’être offert un Land Cruiser en janvier 2006.
- Emportée par cette nouvelle passion, la pionnière se documente, apprend, découvre. D’abord par l’intermédiaire d’un raid touristique, puis en vivant de l’intérieur le Rallye du Maroc 2012. Elle y participe quelques années plus tard, avant d’enchaîner avec d’autres courses : l’Andalucia Rally, le Morocco Desert Challenge ou encore l’Africa Eco Race. De fil en aiguille, elle gagne en vitesse et en expérience. Assez pour finalement se confronter au Dakar, l’épreuve ultime de son sport.
- L’aventure du Mouktadiri Racing Team n’est pas loin d’être 100 % marocaine. La voiture a été préparée au pays par des Marocains, avec un châssis monté à Merzouga. ATV Organisations Maroc, qui s’occupe de l’assistance, est basé à Zagora. Et si le copilote Vincent Ferri est né à Grenoble, en France, il tient de sa mère des origines marocaines !
V.F.
- La passion de Vincent pour les sports mécaniques est d’abord celle de la moto, sous toutes ses formes. Motocross, enduro, courses de côte : le Grenoblois est un touche-à-tout. Non content de piloter, il répare aussi ses machines et celles des autres. Vincent est un mécanicien professionnel pour auto et moto, un métier qu’il pratique en parallèle de celui de paysagiste.
- Ses sorties en enduro l’amènent à rencontrer Rudy Roquesalane, passionné de 4x4. Le début d’une histoire d’amitié qui entraîne l’achat d’un buggy et l’inscription à de nombreux rallyes. Les réussites -victoires au général du Carta Rallye, en T3 sur l’Africa Eco Race- conduisent rapidement Vincent à se tourner vers le Dakar, défi ultime du sport.
- Copilote à la droite de Philippe Pinchedez en 2021, le paysagiste isérois s’offre un podium en catégorie T3 (3e). Rudy Roquesalane prend le volant l’année suivante, puis Vincent doit faire l’impasse sur l’édition 2023. Il revient en 2024, mais de l’autre côté de la barrière : enrôlé par l’organisation, il se retrouve dans l’équipe d’ouverture de la course. Concurrent expériment&eac
AMBITION 2025
S.M. : « Mon histoire est un peu particulière car je ne suis pas entrée dans les sports mécaniques dès mon plus jeune âge. J’ai été emportée par la beauté du désert, l’accueil chaleureux des gens, mais aussi leur curiosité et leur fierté à voir une Marocaine rouler dans les dunes ! Je suis soutenue par ma fédération nationale ainsi que le Royaume. Depuis quelques années, le rallye-raid est presque devenu un devoir national pour moi. Je me suis demandé quelle est la limite de cette passion, et c’est le Dakar. J’ai eu la chance de le vivre de l’intérieur en 2023 grâce à des sponsors et à l’invitation de David Castera, un homme en or qui fait beaucoup pour le sport au Maroc. Ça m’a donné envie, forcément. J’ai fait des rallyes au Maroc, et je me suis testée sur la longueur lors de l’Africa Eco Race. C’est la première fois qu’une Marocaine va participer au Dakar en auto. Je dois à tout prix atteindre l’arrivée, il faut que le drapeau du Maroc soit sur le podium. Je vais rouler en sécurité pour le finir proprement, comme je l’ai fait sur l’Africa Eco Race. »
V.F. : « Souad veut absolument finir, donc ce sera aussi mon objectif ! Elle voulait quelqu’un qui a l’expérience de l’avoir déjà fait et terminé. En plus, je suis mécano, ce qui fait que je pourrai réparer la voiture en cas de besoin. Je ferai tout pour qu’elle termine, même si ça doit être sur trois roues ! Il m’est déjà arrivé de faire plus de cent kilomètres avec la portière arrachée… Je suis comme les canards : tu me coupes la tête, je cours encore ! Peu importe la vitesse, on veut rallier l’arrivée. »