Sanders en patron, Moraes chasseur de primes
Dakar 2025 |
Étape 7 |
AL DUWADIMI
> AL DUWADIMI
12 janvier 2025
- 17:48
[GMT + 3]
L’ŒIL DANS L’OBJECTIF
On visite déjà la province de Riyadh en quittant Al Duwadimi pour une grande boucle qui s’étire au sud-ouest de la ville et qui comprend encore un peu plus de 410 kilomètres après le léger raccourcissement décidé hier. Il reste des passages rapides sur des plateaux calcaires, mais les dunes sont de plus en plus nombreuses sur le parcours. La pluie qui a arrosé la région ces derniers jours rend le sable plus porteur et trace des lignes profondes qui ont permis à Daniel Sanders de foncer vers une cinquième victoire de spéciale cette année. La problématique était finalement similaire pour les navigateurs en auto, justement privés des indications laissées par les deux roues sur un itinéraire qui leur était dédié. Mais Lucas Moraes, parti 27e, a su saisir sa chance et signer le meilleur temps, sans perturber le duel à couteaux tirés entre Henk Lategan et Yazeed Al Rajhi au sommet de la hiérarchie.
L’ESSENTIEL
- Il y a un homme qui ne tremble pas depuis le début de ce Dakar dans la catégorie motos. Daniel Sanders mène le bal et s’est aujourd’hui offert une 5e étape, qu’il doit autant à sa maîtrise du guidon et des gaz qu’à sa position de départ, 9e. Le regroupement qui s’est opéré en fin de parcours a également bénéficié à Tosha Schareina, 3e de l’étape et 2e du général.
- En position pour se faire piéger avec la 2e place sur la ligne de départ, Adrien Van Beveren a finalement défendu efficacement sa place sur le podium, en partie grâce aux bonifications d’ouverture qu’il a su saisir. Le Français pointe à 26’07’’ de Sanders au général, tandis que Brabec, 4e, accuse un retard de 33’19’’.
- Lucas Moraes avait un beau coup à jouer avec la 27e position au départ de la spéciale. A l’arrivée, il signe le meilleur temps et se console un peu des déboires qui l’ont exclu hier de la bagarre pour le podium. La « Toy » du Brésilien devance les deux Ford Raptor de Mattias Ekstrom et Mitch Guthrie.
- En retrait aujourd’hui, Henk Lategan voit son avance en tête du classement général fondre à 21’’ sur Yazeed Al Rajhi. Les écarts du podium se resserrent d’autant plus qu’Ekstrom pointe à 10’25’’. L’opération est en revanche très peu bénéficiaire pour Nasser Al Attiyah, toujours au 4e rang et avec 21’57’’ à reprendre à Lategan.
- Le vainqueur du prologue Corbin Leaverton a connu depuis quelques misères, mais replace son Challenger en haut de l’affiche, avec 24’’ d’avance sur Yasir Seaidan. Leur match serré sur cette spéciale n’a pas perturbé le couple Cavigliasso-Pertegarini, au sommet du général depuis la première étape, avec maintenant une demi-heure d’avance sur Gonçalo Guerreiro.
- Il ne fallait donc pas oublier Jeremias Gonzales Ferioli, l’ancien quadeur qui avait brillé en Amérique du Sud (2e en 2015, 3e en 2018-19) et remporte sa première spéciale de l’année, pour 51’’ de mieux que le leader des SSV, Brock Heger. Chez Polaris, Xavier de Soultrait, 2e du général, peut commencer à s’inquiéter des arrêts qui lui font perdre son avance sur « Chaleco ». Le Chilien le poursuit à une vingtaine de minutes.
- Le festival tchèque se poursuit en camions, mais c’est cette fois Ales Loprais qui s’impose sur l’étape, sans inquiéter son compatriote Martin Macik en tête du général. Nouveau venu en poids lourds, Vaidotas Zala obtient comme sur la 3e étape son meilleur classement avec une 2e place, à 9’34’’ de Loprais.
LA DECLA DU JOUR - Daniel Sanders : « De belles traces bien visibles »
Daniel Sanders remporte une nouvelle étape, la 5e de ce Dakar, égalant le dernier record en date de Toby Price son compatriote qui avait signé autant d’étape en 2016… avant de remporter son premier Dakar !
« Une étape très rapide, technique au début, il y a eu beaucoup de pluies, on avait de belles traces bien visibles devant qui nous permettaient de rectifier les erreurs qu’ils avaient commises. Ma vitesse était bonne, ma concentration était bonne, ma tête aussi, une journée bien meilleurs comparée à celle d’hier. »
LE COUP DUR
Quand ça veut pas, ça veut pas ! Mason Klein a donné des aperçus de son talent, à la fois en pilotage et en navigation, lors de sa première participation en 2022 terminée en 9e position, et l’année suivante avec une victoire d’étape avant son abandon dans la 13e étape. Depuis, le prometteur Américain s’est tourné vers le constructeur chinois Kove, qu’il a promis d’accompagner dans son développement. L’aventure a tourné court en 2024 avec une machine encore trop jeune, mais le millésime 2025 devait être celui du décollage. Parmi les 12 Kove au départ, Klein avait pour mission de faire briller la sienne au sommet. Dans la première semaine, les chances de bien figurer au général se sont envolées sur des problèmes d’embrayage de la moto, puis de conjonctivite du pilote. Persévérant, Klein a dominé l’étape d’hier jusqu’à une faute de navigation en fin de spéciale qui a privé les Chinois d’un premier scratch. Et aujourd’hui, la route de sa 450 Rally EX s’est arrêtée au km 319. Incapable de réparer son moteur, Mason a insisté plusieurs heures avant de se rendre à l’évidence et de se faire raccompagner en hélicoptère au bivouac. C’est maintenant le Français Neels Theric, 15e du classement général, qui est devenu l’ambassadeur numéro 1 de Kove sur le Dakar 2025.
LA STAT : 5
Reçu 5/5. Cela faisait neuf ans qu’un pilote moto n’avait pas remporté 5 spéciales sur le Dakar. Le dernier à y être parvenu était Toby Price en 2016. C'était déjà un Australien, déjà au guidon d'une KTM. Daniel Sanders a pris la relève en égalant aujourd’hui la statistique de son compatriote à Al Duwadimi. C'est bien simple : depuis le départ, « Chucky » a gagné toutes les étapes où il n’a pas eu à partir devant. À l’époque, Price avait réussi à transformer l'essai en remportant son premier Dakar. « Chucky » rêve de connaître le même destin, ce qui en ferait le deuxième australien à s’imposer sur la course. Prudence toutefois, le précédent de Joan Barreda en 2014, vainqueur lui aussi de 5 spéciales cette année-là, rappelle qu’une belle collection de médailles n’assure pas la victoire finale. 2 627 kilomètres séparent encore les motards de l’arrivée, dont 1 323 chronométrés.
LA PERF
Le Raptor fait fort. Toyota et Mini avaient réussi à placer deux véhicules sur le podium d’une étape ; Ford ajoute aujourd'hui son nom à la liste. Comme lors du prologue, Mattias Ekstrom (2e) est passé à une position d'offrir au Raptor une première victoire historique sur le Dakar. Son coéquipier Mitch Guthrie (3e) décroche lui son meilleur résultat depuis le départ. Quadruple vainqueur du Dakar, Carlos Sainz faisait office de leader dans les rangs du constructeur américain. Le fougueux Suédois et le Californien démontrent la magnitude d’un effectif qui ne manque pas d'épaisseur, ni de talent. Il faudra compter sur les deux hommes d’ici à l’arrivée, et pas que pour jouer des étapes. Discret mais efficace, Ekstrom est 3e du classement général depuis l'étape 3. Il vient de diviser par deux son retard sur le leader, Henk Lategan, revenant à 10 minutes. Guthrie conforte lui sa 5e place, confirmant son statut de n°1 chez les nouveaux venus en Ultimate.
W2RC : Seaidan et Akeel à points nommés
Yasir Seaidan et Dania Akeel ont depuis ce jour trois points communs : ils sont Saoudiens, coéquipiers au sein de l’équipe BBR et maintenant ils ont chacun une journée de galère sur la première manche du championnat. Le vainqueur en SSV 2024 a connu un problème de direction dans l’étape 1, le forçant à quitter la spéciale. Hier, la féminine a endommagé un triangle et attendu plus que de raison son assistance. Arrivée au bivouac à 6h30 du matin, elle est passée par son stand pour immédiatement repartir en course, sans dormir. Après avoir pointé 4’ en retard au départ du bivouac, Dania s’est ravisée : son objectif de rentrer dans le Top 5 du jour pour bénéficier des points d’étape était anéanti par ce faux départ. Stratégiquement, elle a fait demi-tour pour réviser son Taurus et se reposer, afin de se donner toutes les chances de s’illustrer sur les prochaines étapes. A ce petit jeu, Yasir a déjà remporté 14 points. Après deux victoires hier et avant-hier, le numéro 400 termine deuxième du jour. Dania possède pour l’instant 7 points et aura à cœur d’imiter son compatriote. Les Saoudiens du SSV ont désormais le sabre entre les dents !
SUR UN AIR DE CLASSIC
Qui se souvient de l’épopée des Citroën 2CV sur le Dakar ? Pas les Dakarois. De 1979 à 2007, date du dernier engagement d’une « Deudeuche » sur le Dakar, quatorze 2CV ont tenté leur chance mais aucune n’a jamais vu le Lac Rose. Cette année, elles sont deux sur le Dakar Classic, dont une de 1968. La doyenne des véhicules engagés figurait au départ ce matin au 68e rang du général sur 80 véhicules encore en course. La Citroën de l’équipe 2 Chameaux de Floris de Raadt et David Kann est aussi la moins puissante de tout le bivouac avec son moteur d’origine développant 38 ch. Qu’est-ce qui pourrait l’arrêter d’ici Shubaytah ? Peut-être ses pneus… L’équipage a misé sans test préalable sur des pneus neige. Des enveloppes qui s’avèrent fragiles sur les pistes saoudiennes et dont le stock pourrait venir à fondre comme neige au soleil. Floris et David cherchent des pneus neige en Arabie saoudite ! « Autant chercher une aiguille dans une botte de foin » dit une expression française, pays d’origine de la marque aux chevrons. Cela tombe plutôt bien, Floris le Néerlandais est inventeur d’aiguilles pour l’exploration médicale dans le civil. Le Dakar Classic regorge d’histoires piquantes !