Orgueil de champions

Dakar 2025 | Étape 6 | HAIL > AL DUWADIMI
11 janvier 2025 - 19:37 [GMT + 3]

L’ŒIL DANS L’OBJECTIF

Voilà une étape en forme de bande-annonce du Dakar 2025, convoquant deux visages des territoires saoudiens explorés durant cette 47e édition. Le programme de reprise risque fort d’effacer les bénéfices de la journée de repos, avec un premier long secteur où les plateaux rapides, ceux sur lesquels se sont fait piéger Ross Branch et Guerlain Chicherit, précèdent des passages techniques et rocailleux. La plus longue spéciale du Dakar (606 km) était entrecoupée d’un transfert routier qui a aussi lancé les concurrents dans la direction de la deuxième semaine. Celle du sable, ou plutôt des sables. Sur ces très longs couloirs de dunes de taille intermédiaire, teintant du blanc au jaune safran selon les reflets ou la teneur du sable, il fallait aussi garder l’esprit clair pour choisir son chemin. Adrien Van Beveren y a été impeccable en ouvreur et réalise le deuxième temps à motos derrière son coéquipier chez Honda Ricky Brabec. Et le duo formé par Guillaume de Mévius et Mathieu Baumel a repris des couleurs en s’imposant à Al Duwadami.

Le résumé de l'Étape 6 présenté par Aramco - #Dakar2025

L’ESSENTIEL

  • Le tenant du titre Ricky Brabec a joué au métier pour gagner deux places au général (4e) et aller chercher la 11e spéciale de sa carrière, rejoignant l’arrivée avec 23’’ d’avance sur son coéquipier Adrien Van Beveren. Le Français a accompli un travail d’ouvreur remarquable qui lui a permis d’empocher à lui seul l’intégralité des bonifications compensant cette position délicate, et consolide sa 3e place provisoire, à 19’11’’ du leader Daniel Sanders.
  • La catégorie a perdu l’un de ses protagonistes majeurs avec le Botswanais Ross Branch, contraint à l’abandon sur chute au km 48. C’est aussi à ce point que Bradley Cox, le vainqueur du W2RC 2024 en Rally 2, a jeté l’éponge après être tombé immédiatement après le départ et avoir tenté en vain de terminer l’étape.
  • L’entame de la deuxième semaine apporte un changement de physionomie, avec un podium d’étape dont sont absents les Toyota Hilux. C’est la Mini de Guillaume de Mévius qui met fin à leur série victorieuse réalisée depuis le prologue de Bisha, en s’imposant devant son coéquipier Joao Ferreira et Nasser Al Attiyah, lancé dans son opération de reconquête dans sa Dacia.
  • C’est en mode grignotage que le Qatarien se met au travail, reprenant environ 5 minutes sur le leader Henk Lategan, mais pas encore suffisamment pour revenir à la hauteur de Mattias Ekstrom, toujours 3e de la hiérarchie. Yazeed Al Rajhi s’affirme en revanche comme le danger le plus menaçant pour le Sud-Africain, posté à seulement 7’16’’. Une poignée de sable.
  • Yasir Seaidan remporte une deuxième étape consécutive avec le meilleur temps parmi les Challenger, mais toujours sans bouleverser le sommet du classement général, dominé par Nicolas Cavigliasso avec 35 minutes d’avance sur le jeune Portugais Gonçalo Guerreiro.
  • Le topo est semblable en SSV avec une troisième victoire de « Chaleco » Lopez. Brock Heger n’a pas bougé du fauteuil de leader, avec 1h07’ d’avance sur son coéquipier chez Polaris Xavier de Soultrait.
  • Avantage pour Mitchel van den Brink aujourd’hui chez les camions avec 7 minutes de reprises à Martin Macik. Le Néerlandais égalise avec trois victoires de spéciales chacun, mais le Tchèque roule avec une marge de 1h49’ au général. Pas de quoi trembler pour le moment.
#222 DE MEVIUS Guillaume (bel), BAUMEL Mathieu (fra), Mini, X-Raid Mini JCW Team, FIA W2RC, Ultimate, action during the Stage 6 of the Dakar 2025 on January 11, 2025 between Hail and Al Duwadimi, Saudi Arabia
#222 DE MEVIUS Guillaume (bel), BAUMEL Mathieu (fra), Mini, X-Raid Mini JCW Team, FIA W2RC, Ultimate, action during the Stage 6 of the Dakar 2025 on January 11, 2025 between Hail and Al Duwadimi, Saudi Arabia © A.S.O./F.Le Floc'h/DPPI

LA DECLA DU JOUR - Guillaume de Mévius : « On repart sur une meilleure spirale »

Le Belge a interrompu la série victorieuse des Toyota, il signe le premier succès de la nouvelle version de la Mini et ne boude pas son plaisir.

« Pour l’instant on est premiers sur le tableau, on a fait une bonne étape, enfin. On voulait grapiller du temps et des points pour le championnat, donc on a tout donné. Ma voiture porte quelques stigmates de la semaine passée, aujourd’hui on a un peu volé mais on n’a rien touché. La journée de repos sert aussi à faire un reset, on repart sur une meilleure spirale après avoir connu de mauvaises choses en première semaine. Ce n’est pas spécialement mon terrain : sur le sable, j’arrive à bien rouler, mais je sais aussi que je dois encore m’améliorer ».

LE COUP DUR

Guerlain Chicherit s’y connait en vols planés et rebondissements, et pas seulement ceux qui ont forgé ses titres de champion du monde de ski extrême dans sa jeunesse. Sur le Dakar, le Savoyard a habitué les nombreux adeptes de son tempérament conquérant à alterner le meilleur et le pire. Après avoir obtenu l’année dernière le meilleur classement de sa carrière, au pied du podium dominé par Carlos Sainz et avec deux étapes de plus dans sa besace, Chicherit faisait son retour chez X-raid avec de grands espoirs fondés sur la nouvelle version de la Mini à moteur essence. Dans le rythme sur la première étape (2e à 55’’ de Quintero), il avait en revanche hypothéqué ses chances de briller durablement en lâchant plus d’une heure dans la 48h chrono. Le pilote posté à la 11e place du général à 1h20’ de Lategan au départ ce matin avait manifestement décidé de repartir à l’assaut de ses devanciers. Mais sur une portion rapide du début de la spéciale, précisément au km 16, sa Mini est partie en tonneaux. Si l’équipage en est sorti sans grave dommages, Guerlain souffrait de douleurs cervicales qui l’ont tout de même incité à se faire évacuer par hélicoptère en compagnie de son copilote Alexandre Winocq. Il s’agit de son 5e abandon en 14 participations : il avait d’ailleurs déjà connu un sort similaire en 2011 lors de la première sortie de la Mini, dans laquelle il s’était blessé en test à la journée de repos.

LA STAT : 11

« Chaleco » Lopez était jusqu’à présent le recordman du nombre de victoires d’étapes chez les pilotes moto originaires du continent américain, avec 11 succès empochés. Le Chilien partage désormais ce statut avec Ricky Brabec, vainqueur pour la 11e fois ce samedi. Le Californien avait débloqué son compteur en 2017, déjà sur une Honda, moto avec laquelle il a obtenu tous ses succès. Cette première de l’année chasse définitivement les doutes qui subsistaient quant à son état de forme, lui qui s’était blessé au genou lors du Rallye du Maroc, en octobre dernier. Son triomphe est le 17e des États-Unis sur la course motos, qui a gagné avec 5 pilotes. Ses 11 victoires s’ajoutent à celles de Kurt Caselli (2), Jonah Street (2), Kellon Walch (1) et Mason Klein (1). Ce-dernier n’est pas à écarter dans les prochains jours, ayant longtemps été à la lutte pour gagner en direction d’Al Duwadimi.

LA PERF

Il ne pouvait pas en rester là. Après sa 2e place l’année dernière, sa 3e place sur le Rallye du Maroc, Guillaume de Mévius se présentait comme un prétendant légitime au titre, mais a connu une première semaine truffée de pépins qui ont condamné cette ambition. Pour autant, le pilote belge s’est pris en mains pour donner une tonalité joyeuse à sa journée et à son Dakar. Au volant de sa toute nouvelle Mini à motorisation essence partie en 12e position ce matin, il a avalé les 605 kilomètres avec 1’34’’ d’avance sur son jeune coéquipier Joao Ferreira. La dernière victoire de l’écurie de Sven Quandt avec une Mini remonte à l’édition 2021 (le patron allemand s’était entre temps concentré sur le projet Audi), et ce retour au premier plan doit être d’autant plus savoureux qu’il met fin à une série de six spéciales remportées par la maison d’en face, à savoir les Toyota Hilux gagnantes avec 5 pilotes différents. Les efforts fournis par De Mévius sur la route d’Al Duwadami n’améliorent que modérément sa position au classement général : il est maintenant 14e à 3h43’ de Lategan, mais à seulement 16’ de sa prochaine cible, la 13e place de Rokas Baciuska… un autre pilote « Toy ».

W2RC : Branch et Cox en ballotage très défavorable

La première partie de l’étape 6 n’a pas seulement amputé le Dakar de ses deux meilleurs pilotes africains. Elle a aussi privé le W2RC de deux champions sortants. Promu en Rally GP après son sacre en Rally 2, le Sud-Africain Bradley Cox fera chou blanc pour sa première apparition dans la catégorie, la faute à une chute après 100 mètres de spéciale. Le nouveau n°1 des Rally GP, Ross Branch, lance lui la défense de sa couronne par un résultat blanc en raison d’une chute au kilomètre 48. Le Hero du Botswana pourra encore prendre 100 points d'ici à la finale au Rallye du Maroc. Mais statistiquement, ses chances de doubler la mise ont pris un coup : jamais un pilote ayant fait un zéro pointé sur le Dakar n'a été titré en W2RC, dans aucune des catégories FIM et FIA.


SUR UN AIR DE CLASSIC

Depuis quelques jours déjà, certains concurrents du Classic reviennent des pistes saoudiennes en prétendant s’être fait dépasser par un éléphant rose. La journée de repos n’y a rien fait et cette élucubration n’est plus à mettre sur le compte de la fatigue ni sur un quelconque mirage. Le camion rose et sa trompe dessinée sur la proue de sa cabine n’est autre que le tenant du titre en camion. Le Mercedes 1844 AK des Espagnols pilotés par Rafael Lesmes Suarez et guidé par Tabatha Romon a déjà fait parler de lui l’an passé en entrant dans le Top 10, à la 9e place du général. Hier soir, leur pachyderme était justement déjà 10e du classement, avant de perdre trois places ce soir. Mais un éléphant, ça trompe énormément, le mastodonte rose n’a pas encore fini sa progression.

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