Cornejo et Loeb voient triple

Dakar 2024 | Étape 7 | RIYADH > AL DUWADIMI
14 janvier 2024 - 18:32 [GMT + 3]

L’œil dans l’objectif

A part pour les piètres navigateurs qui rallongent démesurément la distance, on dépasse rarement les 850 kilomètres sur une étape du Dakar. Ce n’est même arrivé qu’une seule fois en Arabie Saoudite avec cette journée de reprise, au départ de Riyadh et en mettant le cap sur Al Duwadimi, 874 kilomètres plus loin en suivant à la case près l’itinéraire indiqué. Dans ce long périple, et en particulier sur les 483 kilomètres de secteur chronométré, il y avait bien sûr matière à varier les plaisirs. Au milieu des canyons, en hors-piste ou au cœur des dunes, il a fallu tour à tour se montrer solide dans tous les compartiments du jeu. Vigilant, inspiré, vif, concentré, « Nacho » Cornejo a été le plus complet à moto pour réaliser le meilleur temps du jour. Sébastien Loeb, en ouvreur insaisissable, a lui aussi livré une partition parfaite pour s’imposer une troisième fois cette année et mettre la pression sur Carlos Sainz.

Le résumé de l'Étape 7 présenté par Aramco - #Dakar2024

L'ESSENTIEL

Plus le Dakar avance, et plus son issue est incertaine. Le scénario ne se produit pas systématiquement, mais le millésime 2024 semble se prêter au rebondissement. Sur le terrain des étapes, on ne parle pas d’une surprise avec l’arrivée de Cornejo en vainqueur à Al Duwadimi. Le Chilien a accompli neuf fois cette performance dans sa carrière, trois fois cette année dont dimanche dernier au même endroit en venant d’AlUla. Il se replace ainsi sur le podium du général, de plus en plus difficile à prédire à ce stade. D’abord car Adrien Van Beveren en a été délogé, subissant sa position d’ouvreur mais n’ayant pas dit son dernier mot puisqu’il accuse un retard contenu à 14’39’’. Surtout, la position de leader de Ricky Brabec ne tient qu’à un fil, puisque Ross Branch, même privé de son frein avant, continue de défendre crânement ses chances et se rapproche à 1’’ (voir la stat). Les événements qui animent la troupe des Rally 2 confirment bien cette impression, puisqu’après Romain Dumontier dans l’Empty Quarter, c’est au tour de Jean-Loup Lepan de perdre les commandes de la catégorie, notamment en raison d’un way-point manqué qui lui vaudra une pénalité de 15 minutes. À force d’assister à des coups du sort qui frappent tous azimuts, il doit être difficile de se sentir à l’abri dans l’un des Ultimate de pointe. Aujourd’hui, c’est Mattias Ekstrom qui a été éjecté du podium provisoire (voir coup dur), toujours dominé par Carlos Sainz, mais jusqu’à quand ? Sébastien Loeb est en effet lancé dans une opération de conquête des sommets : en gagnant comme « Nacho » une troisième fois cette année, il récupère la 2e place et se rapproche à 19 minutes de la première place. Certes, l’Espagnol a le cuir épais, mais le rapproché du nonuple champion du monde des rallyes doit tout de même lui donner quelques frissons. Dans ces conditions, l’auteur du deuxième temps du jour, Lucas Moraes, qui est également le premier poursuivant de Loeb au général, peut toujours croire en ses chances avec un petit coup de pouce du destin (voir perf du jour).
Chez les Challenger, la disqualification des Goczal pour infraction aux règlements techniques de la FIA a ouvert la porte à Mitch Guthrie pour mener la catégorie, devant Cristina Gutierrez et « Chaleco » Lopez, respectivement pointés à 33 et 40 minutes. En SSV, la victoire d’étape de Joao Ferreira n’a pas empêché Xavier de Soultrait de s’installer au sommet de la catégorie. Et chez les camions, Martin Macik remporte une troisième étape consécutive qui conforte son avantage au classement général : il roule maintenant avec 1h30’ d’avance sur son compatriote tchèque Ales Loprais.

76 LEPAN Jean-Loup (fra), DUUST Diverse Racing, KTM, Moto, FIM W2RC, action during the Stage 7 of the Dakar 2024 on January 14, 2024 between Riyadh and Al Duwadimi, Saudi Arabia
76 LEPAN Jean-Loup (fra), DUUST Diverse Racing, KTM, Moto, FIM W2RC, action during the Stage 7 of the Dakar 2024 on January 14, 2024 between Riyadh and Al Duwadimi, Saudi Arabia © A.S.O./M.Kin/DPPI

LA PERF DU JOUR :

 L’an dernier, en montant sur le podium de son premier Dakar, Lucas Moraes est devenu le premier débutant en autos à atteindre le trio de tête depuis la victoire de Juha Kankkunen en 1988. Une performance acquise grâce à une régularité remarquée autant que remarquable pour un « rookie ». Bien aidé par l’auto-élimination des prétendants au podium final, le Brésilien a su remonter à la surface sans faire trop de remous. Catapulté pilote officiel Toyota Gazoo Racing aux côtés de Seth Quintero sans avoir pris part au moindre rendez-vous préparatoire du calendrier W2RC en 2023, Moraes était l’une des inconnues de l’équation du Dakar 2024. Après trois journées passées en quatrième position du général aux soirs des étapes 3, 4 et 6, Lucas vient de franchir les portes du podium, chronométré à 1h de Sainz à ce stade de la course. Au gré de la déconvenue du jour de Mattias Ekstrom certes, ce qui est précisément la recette qu’il avait appliquée pour se hisser jour après jour jusqu’à la lumière. Cette année, le Brésilien poursuit son carnaval, avec encore un pas de samba d’avance sur son tempo de l’année dernière. Devant lui, les deux chars de Sainz et Loeb dansent et jouent encore un ton au-dessus, mais en cas de fausse note, leur rythme pourrait faire les affaires de sa parade annuelle.

Le coup dur du jour

Deux de chute ! À la journée de repos, le clan Audi pouvait se réjouir de la performance réalisée par ses pilotes, malgré le retard pris par Stéphane Peterhansel, exclu des débats pour la gagne dans la 48h chrono mais toujours en course comme équipier susceptible d’aider ses camarades en détresse. On ne doutait pas que l’occasion se présenterait aussi vite. Mais après 47 kilomètres de course dans la spéciale du jour, Mattias Ekstrom a cassé le train arrière gauche de sa RS Q e-Tron. Son éventuel sauveur est arrivé sur les lieux rapidement, mais pour constater que la réparation prendrait au mieux une paire d’heures. La question de se lancer dans ce chantier impliquait nécessairement de mettre en position vulnérable Carlos Sainz, au cas où la spéciale tournerait aussi au vinaigre pour lui. Finalement, « Peter » a repris sa route en laissant le deuxième du classement général attendre le camion d’assistance de l’équipe. C’en est donc fini des espoirs de victoire finale ou de podium pour le pilote suédois, et ils s’amenuisent également pour la marque aux anneaux. Le verre à moitié vide : il n’y a plus qu’un champion pour porter les chances d’Audi. Le verre à moitié plein : Sainz dispose maintenant de deux lieutenants dévoués à son service.


W2RC : « Nacho » sur la trace de Luciano

Ignacio Cornejo, plus connu sous le sobriquet de « Nacho », est reconnu par ses pairs comme le meilleur navigateur parmi les Rally GP. En ouvreur de spéciale, le Chilien est capable d’analyser le road book et le terrain à une vitesse supérieure à ses concurrents. Une qualité qui ne lui a pas encore permis d’inscrire son nom à un quelconque palmarès glorieux. Sur huit Dakar, « Nacho » a signé cinq Top 10, mais il n’est jamais monté sur le podium. Au mieux, il a terminé 4e en 2020. Du côté des victoires d’étapes sur la course, son compteur était à 6 avant janvier 2024. Le jockey de l’équipe Monster Energy Honda avait par deux fois signé des doublés, en 2020 et 2022. Cette année, il est le seul pilote à avoir remporté plus d’une étape sur le Dakar. Trois même avec celle du jour après ses signatures dans les étapes 2 et 4 ! Un triplé synonyme de record personnel qui fait écho à la performance 2023 de Luciano Benavides. L’Argentin avait remporté trois étapes sur le Dakar avant de devenir champion du monde en fin de saison. Deux fois 6e du W2RC, le Chilien roule sur la trace de son voisin argentin.


La stat du jour : 24

Depuis l’ouverture de ce 46e Dakar, les motards ont parcouru une distance de 2865 kilomètres. Ricky Brabec a été le plus rapide à y parvenir en 32h37’20’’. Il devance Ross Branch d’une petite seconde seulement. C’est l’écart le plus faible jamais enregistré après huit spéciales depuis que le Dakar s’est installé en Arabie Saoudite en 2020. Pour se rendre compte de la lutte féroce que se livrent les deux hommes : un écart aussi minime après 32h37’ de course représente une distance d’un peu plus de 24 mètres, soit l’équivalent d’un chapelet de 12 motos mises à bout à bout. Serré, vous dites ?

Sur un air de Classic

En 2022, il avait juré que c’était la dernière fois. Stefan Calzi, engagé sur le Dakar Classic au volant du Mitsubishi Pajero MPR 51 de Jean-Pierre Fontenay et Bruno Musmarra savait que c’était une folie de faire rouler ce pan d’histoire entier et intact de Mitsu sur le Dakar. Mais voilà, deux ans plus tard, il est à nouveau sur le Dakar Classic avec l’auto la plus historique du plateau de cette édition, classée 3e du Dakar 1996. Engagés dans le double challenge Iconic Car et Authentic Codriver, le duo navigait hier en 27e rang du général.

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