Cesare veni, vidi, vici

Dakar 2024 | Étape 6 | SHUBAYTAH > SHUBAYTAH
11 janvier 2024 - 12:38 [GMT + 3]

Ils sont six motards sur le bivouac au guidon d’une Kove, cette moto made in China apparue l’an dernier entre les mains de trois pilotes chinois qui sont tous arrivés à bon port sur les rives de la Mer Rouge. Quatre pilotes officiels sont engagés cette année en Rally 2 pour le compte de la marque. Mason Klein est en Rally GP. Et Cesare Zachetti avec sa malle numéro 49 sont dans la carré VIP des forçats du Original by Motul. Qu’est donc venu voir, vivre et chercher Cesare ?

A 54 ans, Cesare Zachetti en est à son sixième Dakar. Après un abandon en 2015, il a été finisher de toutes les éditions en Arabie Saoudite. Depuis maintenant 2022, il fait partie des Original by Motul, ces motards qui vivent le Dakar sans assistance le soir au bivouac et qui n’ont pas le droit à l’erreur. 15e puis 11e l’an passé de cette catégorie, cette année le Turinois a voulu vivre une nouvelle expérience, au guidon d’une Kove. « J’ai 54 ans, chaque année qui passe il est plus difficile de viser un résultat. Moi je viens pour le voyage, pour l’ambiance, pour chercher à vivre chaque jour l’expérience Dakar. La Kove est une nouvelle moto qui vient d’arriver en Europe. Tous les gens ici ont une KTM, c’est bien pour pouvoir s’aider, trouver des pièces, etc. Mais partir avec Kove, c’est un challenge en plus. Je ne cherche pas la difficulté, mais j’aime faire des choses différentes. »  

Une idée saugrenue pour la plupart de ses pairs, presque un mystère. Excentrique, voir masochiste cet Original ? A se demander si Zachetti avec sa veste rouge n’est pas un envoyé spécial en mission secrète pour faire la promotion de la marque ! « Les gens sont curieux car cette moto coûte moitié moins cher qu’une KTM et ils pensent donc que cela ne peut pas fonctionner. Cet été, j’ai rencontré l’importateur Kove en Italie et c’est là que l’histoire est née, il m’a demandé si j’étais prêt à faire le Dakar avec cette moto. Je me suis dit que cela pouvait être un beau défi. J’ai fait le rallye de Sardaigne , aucun problème pendant cinq jours ! Le challenge est de voir si j’arrive à rallier Yanbu, je ne sais pas ce qui va se passer. En cinq jours, je n’ai eu aucun problème, je roule attentivement, je ne suis jamais tombé. J’arrive le soir, je n’ai rien de plus à faire que les choses normales : le filtre à air, la vidange et c’est tout. Je tiens à préciser que je ne travaille pas pour Kove, je n’ai aucun contrat. L’histoire de Kove a commencé il y a seulement 6 ans et cette moto existe parce que le propriétaire est passionné de Dakar. »  

Rasé, moto lavée, véritable gentleman-motard, Cesare est un pionnier. Il sait qu’il ouvre la voie pour d’autres privés comme lui en quête d’un Dakar plus accessible financièrement, notamment pour les jeunes. « Je pense que lorsque les constructeurs chinois vont décider d’arriver sur notre marché, ils vont être très forts. L’an passé, on regardait ça en se disant que cela n’irait pas au bout, moi le premier. Ils ont eu des problèmes mais ils ont réagi très vite, en testant toute l’année Mexique, en Argentine et à la Baja Aragon, avec des résultats. L’évolution est très rapide, cela semble étrange mais en Chine ils vont à une autre vitesse. Actuellement c’est la moto qui change la donne. Je pense que pour les jeunes, c’est une bonne opportunité de venir sur le Dakar, elle est au prix d’une moto d’enduro ! »  

Revenu pour voir, vivre et vaincre les a priori, guidé par une curiosité quasiment altruiste. Cesare est à la conquête du Dakar de demain, tel un empereur !