Appelez-les Miss « Duckar »

Dakar 2024 | Étape 2 | AL HENAKIYAH > AL DUWADIMI
7 janvier 2024 - 13:22 [GMT + 3]

Sur le bivouac du Dakar comme à la ville, on peut attirer les regards avec une belle Porsche, mais aussi avec une « deudeuche ». C’est ce que vivent les deux Tchèques Barbora Holicka et Lucie Engova, engagées sur le Dakar Classic avec un projet haut en couleurs.

Il fallait oser. Barbora Holicka et Lucie Engova l’ont fait. Lorsque les deux copines tchèques ont été tentées par l’aventure du Dakar Classic, l’heure est aussi venue de choisir un véhicule. Personne n’aurait eu l’idée farfelue de se lancer à l’assaut du désert saoudien à bord d’une 2CV. Un raisonnement somme toute cohérent a pourtant abouti à cette décision de commencer ce projet par l’achat du véhicule : « Habituellement, je roule en championnat de République Tchèque de rallye et toujours en Citroën, explique Barbora. Alors j’ai d’abord pensé à prendre une ZX pour faire le Dakar, mais c’était bien trop cher donc j’ai eu l’idée de la 2CV, qui est en plus une voiture que tout le monde aime ».

Certes, le capital sympathie de la « deudeuche » connaît peu d’équivalent, surtout à ce niveau d’investissement. Cela n’en fait pas un gabarit taillé pour le tout-terrain et encore moins pour les dunes. Il a donc fallu mettre au point une stratégie technique et apporter quelques modifications au petit bijou acquis par notre apprentie aventurière. C’est là qu’intervient Tomas Neruda, qui n’a rien de commun avec le prix Nobel de littérature chilien, mais n’a pas beaucoup de concurrence dans le monde en ce qui concerne la mécanique des 2CV. « Je suis certaine que dans ce domaine, c’est en tout cas le meilleur d’Europe centrale et pas seulement de République Tchèque, affirme sans hésitation Barbora. Pour adapter la voiture il a rajouté un deuxième bras pour renforcer le train avant, changé le châssis, ajouté un stabilisateur, un double amortisseur qui n’existe pas normalement, et tout cela avec des pièces d’occasion provenant uniquement de véhicules Citroën, comme des Mehari, des Ami et même des Berlingo ! Il a travaillé dessus pendant un an, et surtout à un rythme ultra-intense depuis le mois de juin dernier ». Moins décisif pour ses chances de succès sur le Dakar Classic mais tout aussi efficace pour son charme auprès du public, Josef Rataj a également joué un rôle dans la préparation de cette 2CV décidément unique. Le célèbre artiste tchèque s’est occupé de la peinture multicolore qui habille l’auto surnommée « Duckar » : du côté de Prague, les 2CV sont en effet affectueusement surnommées de canards pour leur « démarche » élégante ! Il n’y avait dès lors plus qu’à ajouter le numéro 712 à l’auto et l’envoyer à AlUla.    

C’est donc samedi que l’équipage improbable a connu son grand baptême du sable, sur une étape de près de 600 kilomètres au total en direction du bivouac d’Al Henakiyah. Et cette première laisse déjà des souvenirs impérissables au duo : « nous avons vécu une journée complètement folle, ce n’était pas facile. On était scotchées toute la journée par ce qui nous arrivait. Et bien sûr nous avons eu des problèmes dans le sable parce qu’on en deux roues motrices, avec très peu de puissance, donc on a été aidées par un équipage espagnole pour s’en sortir dans une montée. Alors on est arrivées fatiguées, on va aller prendre une douche, mais on est surtout super motivées pour finir le rallye et en profiter ». Et ce n’est que le début du périple.