Benavides en guerrier, De Villiers au métier

Dakar 2021 | Étape 5 | Riyadh > Al Qaisumah
7 janvier 2021 - 19:29 [GMT + 3]

L’œil dans l’objectif

C’est le genre de cocktails que l’on sert en Arabie Saoudite : oueds, vallées, djebels, le tout saupoudré de cailloux, posés entre des portions de dunes, et souvent disposé sur de grands plateaux. Voilà pour le décor que les concurrents auraient pu admirer entre Riyadh et Al Qaisumah… s’ils n’avaient pas dû rester totalement concentrés sur leur road-book. Quand la réflexion et l’interprétation s’imposent pour faire les bons choix, il faut savoir ralentir pour aller plus vite. Le pilotes les plus rapides, comme Joan Barreda et Dani Sanders à moto, mais aussi Stéphane Peterhansel et Nasser Al Attiyah en auto, ont négligé ce paramètre et en payent plus ou moins les conséquences selon l’avance dont ils disposaient. En tout cas, la poussée vers le nord-ouest du pays n’a rien d’anodin.

L’essentiel

Les hommes pressés n’ont pas nécessairement le dernier mot sur le Dakar. Kevin Benavides en a déjà fait les frais dans les éditions précédentes… il est cette fois-ci passé tout près de la sanction et s’en tire avec les plus beaux honneurs, puisqu’il remporte l’étape d’Al Qaisumah, le bivouac qu’il a atteint dans la peau de nouveau leader du classement général. La belle gamelle que l’Argentin n’a pas su éviter dans les dunes lui vaut tout de même un nez cassé et une cheville en vrac, tandis qu’il doit pour beaucoup sa nouvelle position au talent de navigateur prudent de son coéquipier et guide du jour Ignacio Cornejo, 2e de l’étape et 3e du général. En autos, les patrons de la course que sont toujours Stéphane Peterhansel et Nasser Al Attiyah ont commis des erreurs permettant à Giniel De Villiers de signer le meilleur chrono du jour. Ils restent hors d’atteinte pour le moment de Carlos Sainz, qui a bénéficié de l’abandon de Henk Lategan pour remonter d’un cran mais a surtout copieusement jardiné et pointe à 48 minutes de son coéquipier au général. Le verdict est encore plus sévère pour Sébastien Loeb, qui lâche 50 minutes supplémentaires aujourd’hui, tandis qu’on boit la soupe à la grimace dans le team SRT, Mathieu Serradori et Yasir Seaidan ayant peut-être vu s’éloigner définitivement leurs espoirs de Top 10 final. Du côté des quads, Nicolas Cavigliasso a justement pris son temps mais commence à distancer sérieusement ses rivaux après avoir remporté sa deuxième étape de la semaine. Tout comme « Chaleco » Lopez, qui dispose toutefois d’un avantage encore fragile de moins de 11 minutes sur Aron Domzala dans la catégorie des véhicules légers. En camions, Dmitry Sotnikov bénéficie d’une marge rassurante de 33 minutes au général, qui plus est sur son coéquipier Anton Shibalov, pendant qu’Andrei Karginov s’est adjugé la spéciale en jeu aujourd’hui.

La perf’ du jour

Une journée parfaite pour l’Afrique du Sud lors de la spéciale en direction d’Al Qaissimah, ou plutôt presque parfaite… D’abord, il y a Giniel De Villiers qui renoue avec la victoire cette année. Le pilote Toyota a usé de son expérience et de son sens de l’orientation dans le désert saoudien pour éviter les pièges d’une des étapes les plus difficiles de cette édition et signer le meilleur temps. Ses adversaires du jour n’ont pas été Al Attiyah ou Peterhansel, mais un certain Brian Baragwanath qui s’offre un nouveau podium cette année en finissant à moins d’une minute de son compatriote à l’arrivée. Seule ombre sur le tableau en marge de ce doublé, l’accident d’Henk Lategan dans les premiers kilomètres. Frappé en pleine ascension après avoir affiché un rythme rapide durant les deux dernières étapes (3e, puis 2e), le rookie est parti en tonneaux et s’est fracturé la clavicule. Il faudra au moins attendre l’année prochaine pour assister à un triplé arc-en-ciel !

Le coup dur

Encore une fois, tant qu’on n’a pas franchi la ligne, tout peut arriver. C’est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit du Dakar et ça, Kris Meeke l’a bien compris aujourd’hui. Connu pour ses faits d’armes en WRC, le Britannique a commencé son tout premier Dakar sur les chapeaux de roues en empochant la victoire au prologue. Après quelques étapes difficiles, le pilote PH-Sport semblait avoir trouvé ses marques dans le désert saoudien à l’occasion de la quatrième spéciale qu’il a conclue avec le deuxième temps. Repoussé en neuvième position au premier pointage intermédiaire aujourd’hui, Meeke s’est lancé dans une belle remontée jusqu’à la troisième marche du podium provisoire à un peu moins de quatre minutes de la gagne… mais un problème mécanique dans la dernière ligne a bouleversé les plans du duo Meeke/Rosegaar qui attend encore son assistance en fin de journée à un peu plus de 100 km de l’arrivée.

La stat’ : 75

Avec la 4e victoire de spéciale sur le Dakar pour Kevin Benavides et la 12e de Nicolas Cavigliasso, les deux vainqueurs du jour à moto et en quad font monter le total d’étapes remportées par des pilotes argentins à 75. Le pactole tient beaucoup aux succès dans la catégorie quads, avec 62 scratchs réalisés dont 28 uniquement par les frères Marcos et Alejandro Patronelli au plus fort de leur domination. Pour continuer à écrire la légende nationale, Benavides peut maintenant tenter d’égaler Orlando Terranova, vainqueur de 6 étapes en autos, tandis que Cavigliasso roule dans les traces de Marcos Patronelli qui en compte 18.

Sur un air de Classic

La Porsche 911 que pilote l’Américaine Amy Lerner date de 1982, mais a été reconstruite sur le modèle de celle de 1984 qui avait permis à René Metge s’imposer sur le Dakar. Pour le moment, elle sillonne l’Arabie Saoudite en 22e position du Dakar Classic, mais se distingue bien mieux au classement des photos, vidéos et selfies pris sur le bivouac !

La réaction

Aron Domzala : « Les premières étapes étaient pour les touristes »


5e de l’étape remportée par « Chaleco » Lopez, le pilote polonais est surtout en embuscade derrière le Chilien au classement général, à 10’51’’.

« La navigation était difficile, nous avons perdu du temps au début. Mais ensuite j’ai adoré cette étape, les dunes étaient dures, c’était technique. C’est vraiment du Dakar, les premières étapes étaient pour les touristes, comparées à celle-là. Nous sommes proches de « Chaleco », mais aujourd’hui il a été incroyablement rapide. Il nous a collés 7 minutes, mais il reste beaucoup d’étapes ».

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