« J’ai mis 28 ans pour faire mon premier Dakar »

Jean-Philippe Béziat, c’est le parcours d’un pur amateur qui voyait passer le Dakar du haut de ses cinq ans devant chez lui à Toulouse sur la RN 20. À force de persévérance et encouragé par trois parrains locaux, il parvient au bout de longues années à y participer. Béziat, c'est aussi un grand cœur, parrain sportif de l’association Petit Cœur de Beurre, dédiée aux enfants touchés par la cardiopathie congénitale. En compétition, tout commence dans un vieux buggy en auto-cross avec son père. Il a alors 16 ans. À 18 ans passés, Jean-Philippe s'empare du volant lors de rallyes locaux sur asphalte, sur glace, en endurance tout-terrain 4x4 puis au guidon d’un quad en rallye-raid. Il accompagne les cinq titres de champion de France d’endurance Porsche de l’équipe Poletti entre 2003 et 2007 en qualité de troisième pilote. À son palmarès, il peut revendiquer les titres 2003 et 2004. Cette année-là, il tente la sélection pour le Volant Dakar, où ont commencé Guerlain Chicherit et Matthieu Baumel… mais termine en 3e position. Le Toulousain qui a découvert le milieu de l’endurance en 1998 décroche quasiment vingt ans plus tard un nouveau titre de champion de France d’endurance TT. Nous sommes alors en 2019 : plusieurs figures locales dont ses trois parrains, comme il les appelle, Jean-Michel Polato, Pascal Larroque et Pierre Lachaume lui répètent depuis ses débuts qu’il peut lui aussi y participer. Lachaume connait ses qualités de mécanicien en endurance TT. Il pose un CV de Jean-Philippe sur la table de l’équipe PH-Sport, avec laquelle il doit alors partir sur le Dakar. Avec le camion de l’équipe, il découvre enfin le bivouac sur l’édition 2020 et fait étalage de ses compétences. En 2022, c’est MD Rallye qui fait appel à lui pour piloter le Hilux d’assistance rapide. Jean-Philippe participe enfin, cette année-là, à son premier Dakar au volant. Pour l’assister, il contacte Vincent Albira, un ami de vingt ans, lui aussi vierge de toute participation. Un rêve se concrétise pour ce binôme de choc, engagé cette année sur un Optimus Evo4 destiné à venir en aide aux véhicules de l’équipe MD : « On est les Saint-Bernard du rallye en quelque sorte », glisse Albira.

J-P.B. : « J’ai mis 28 ans pour faire mon premier Dakar. Je pense qu’il faut savoir monter les marches patiemment, qu’il faut persévérer et que tout est réalisable, c’est ce que j’apprends à mes enfants. Il y a vingt ans, jamais je n’aurais cru être au départ du Dakar. Je n’en voyais pas le bout après toutes ces années dans le milieu de l’endurance tout-terrain où j’avais déjà réussi un premier rêve, celui de devenir champion de France. Lorsque j’ai proposé à Vincent de m’accompagner, il a sauté sur l’occasion. C’est un ancien pilote de quad qui a une grosse expérience en solo. Je pense que notre binôme représente ce qu’on attend à haut niveau. C’était notre première fois en 2022 et on a tous les deux envie que cela continue le plus longtemps possible. »

V.A. : « J’ai commencé par le Rallye du Maroc en 2008 où j'ai cassé. J'ai roulé en quad jusqu’en 2014 avec des participations à la Baja Espagnole, aux Rallyes du Maroc et de Tunisie puis en SSV que j’ai moi-même préparé et avec lequel j’ai participé à des courses. Mon expérience en quad m'aide beaucoup pour la navigation. Et puis on s'engueule moins ou plutôt on s'engueule tout seul (rires) ! Je cultive cette expérience d’être multicarte : mécanicien à la base, pilote et navigateur. C’est ce qui fait notre force. »