« Quintafondo » et « Nasser Al Attack »

Dakar 2024 | Étape 5 | AL-HOFUF > SHUBAYTAH
10 janvier 2024 - 19:20 [GMT + 3]

L’œil dans l’objectif

On enregistre une température de cinq degrés au petit matin en sortant de la tente au bivouac d’Al Salamiya pour prendre la route en direction d’Al Hofuf, une cité bordant l’une des plus grandes oasis du pays et contenant trois millions de dattiers. Entre les deux, la distance totale à parcourir atteint quasiment 700 km, mais les pilotes s’expliquent sur « seulement » 299 km. Il est bien difficile de couvrir autant de terrain sans rencontrer la moindre dune en Arabie Saoudite, mais la portion du jour à été minime. Des vitesses de pointe autour des 150 km/h ont souvent été atteintes sur cette spéciale rapide, où « Nacho » Cornejo a pu montrer qu’il n’était pas uniquement un excellent navigateur, au point de prendre la tête du classement général motos. Le pilotage à très haute vitesse, c’est bien la spécialité de Sébastien Loeb, qui a orchestré aujourd’hui sa réapparition au sommet du classement de l’étape.

Le résumé de l'Étape 5 présenté par Aramco - #Dakar2024

L'ESSENTIEL

Il n’y avait pas beaucoup de questions à se poser en attaquant la spéciale du jour pour les motards de l’élite. L’ordre de départ étant inversé chez les Rally GP pour le défi de la 48h chrono débutant demain matin, l’avantage maximal revient à celui des 17 pilotes encore en course dans la catégorie qui s’élancera en dernier. Dans ce contexte, la stratégie d’Adrien Van Beveren a semblé bien calculée, avec une 5e position intéressante au km 0, et un talent pour surfer dans les dunes qui lui autorisait à lorgner sur la médaille du jour. Le plan était presque parfait pour le Français, qui a tout de même été coiffé au poteau pour 37’’ par son coéquipier chez Monster Energy Honda, Pablo Quintanilla. Le Chilien remporte sa huitième étape sur le Dakar et hérite de la meilleure place pour la 6A. Pour sa douzième participation au Dakar, où il a à deux reprises connu la 2e place finale (2020-22), « Quintafondo », 6e ce soir à 26’47’’, a peut-être cette fois-ci dans ses mains un argument majeur à faire valoir. Mais qu’il lui faudra utiliser à bon escient s’il compte déloger Ross Branch du fauteuil de leader et également affirmer son autorité parmi les Honda, qui sont trois autres à se précipiter derrière le Botswanais : Cornejo (2e à 1’14’’), Brabec (2e à 3’47’’) et Van Beveren (4e à 18’10’’). Les données étaient bien différentes chez les autos, où aucune procédure particulière de départ n’a été prévue pour demain, alors qu’elles se lanceront sur un parcours dédié, donc sans bénéficier des traces des deux roues pour naviguer. La préoccupation était nette chez une bonne partie des favoris, qui ont chacun à leur sauce mis au point une stratégie pour ne pas subir le retour de leurs rivaux dans leur sillage demain matin. C’est le cas de Stéphane Peterhansel et de Carlos Sainz, qui ont joué pédale douce pour terminer 16e et 17e en Ultimate à 14’’ d’écart l’un de l’autre… peut-être un coup de maître si l’avenir leur donne raison. Sébastien Loeb a poussé le zèle dans son entreprise jusqu’à manquer volontairement un way-point, ce qui lui vaut une quinzaine de minutes de pénalité et porte son déficit à 43 minutes du leader Yazeed Al Rajhi, le pari est osé ! Le Saoudien n’a pas risqué la banqueroute aujourd’hui, et encore moins Nasser Al Attiyah, qui a mis le curseur au niveau d’attaque qu’on lui connaît lorsqu’il veut frapper fort. Sur 118 km, il devance de 1’51’’ Guerlain Chicherit pour aller chercher sa 48e victoire d’étape, la première avec un Hunter après avoir déjà scoré avec des BMW, Volkswagen, Hummer, Buggy Jefferies, Mini et Toyota, voilà qui fait 7 marques, tout comme « Peter » dans la catégorie autos. Au général, Nasser prend place en 2e position, à 9 minutes de son ancien coéquipier Yazeed Al Rajhi… et ouvrira sans trembler la 48h chrono. En Challenger, ce n’est probablement pas par calcul qu’Eryk Goczal a laissé filer deux grosses minutes au vainqueur du jour Francisco « Chaleco » Lopez, ce qui ne menace en rien pour le moment sa position au sommet de la hiérarchie. La dégringolade est bien plus dommageable pour Gerard Farres, qui a culbuté dans les dunes et perd tout espoir de victoire finale, pendant que Xavier de Soultrait s’impose sur l’étape et confirme sa bonne santé dans sa nouvelle catégorie. Enfin, les déboires de Janus van Kasteren et d’Ales Loprais font les affaires de Martin Macik, qui remporte l’étape et s’intercale entre ses deux rivaux sur le podium provisoire.

200 AL-ATTIYAH Nasser (qat), BAUMEL Mathieu (fra), Nasser Racing, Prodrive Hunter, FIA Ultimate, FIA W2RC, celebrates their first drive with Prodrive during the Stage 5 of the Dakar 2024 on January 10, 2024 between Al-Hofuf and Subaytah, Saudi Arabia
200 AL-ATTIYAH Nasser (qat), BAUMEL Mathieu (fra), Nasser Racing, Prodrive Hunter, FIA Ultimate, FIA W2RC, celebrates their first drive with Prodrive during the Stage 5 of the Dakar 2024 on January 10, 2024 between Al-Hofuf and Subaytah, Saudi Arabia © A.S.O./J.Delfosse/DPPI

LA PERF'

Revoilà « Chaleco » ! Depuis le début du Dakar 2024, il est difficile d’exister dans les hauteurs du classement de la catégorie Challenger lorsqu’on ne porte pas un patronyme polonais, et de préférence celui de Goczal. Précisément, c’est Eryk, le plus jeune, qui s’est imposé sur quatre spéciales prologue compris, et domine toujours le général. Mais aujourd’hui, le goût du sable et des dunes a fait resurgir « Chaleco », l’ancien, celui qui s’est imposé à trois reprises, en SSV en 2019 et 2021, en T3 en 2022. Mais aujourd’hui, il faut croire que les Chiliens sont en réussite lorsqu’ils passent à l’attaque. Pour aller chercher sa 25e étape sur le Dakar (11 à moto / 14 en SSV-Challenger), le pilote Can-Am qui avait terminé 5e de la catégorie l’année dernière, a devancé Austin Jones de 2’04’’. Au passage il s’agit aussi de la 75e victoire d’étape pour le Chili.

LE COUP DUR DU JOUR

Le Dakar peut parfois se montrer intraitable et Gerard Farres ne peut pas dire le contraire aujourd’hui. En gagnant l’étape 2, l’Espagnol a pris les commandes du classement général et y est resté jusqu’à ce matin. Après avoir bravé haut la main des terrains réputés difficiles lors des premiers jours, cette spéciale de 118 km aurait presque pu être un parcours de santé. Et pourtant, les dunes sont souvent trompeuses. Bien partis, Farres et son copilote Diego Ortega ont signé le troisième temps au km 80, à moins de 1’30’’ du leader Yasir Seaidan. Il ne restait plus que 38 kilomètres à parcourir, mais 4 kilomètres plus tard, le duo South Racing s’est retrouvé sur le toit et a abîmé son Can-Am. Farres et Ortega ont donc dû attendre leur assistance durant de longues heures et peuvent d’ores et déjà faire une croix sur la victoire finale.

W2RC : Ebster, L’Original by Motul dans le Top 10 moto

Tobias Ebster, en tête de la catégorie Original by Motul pour sa première participation au Dakar, a sauté une classe aujourd’hui. Le neveu de Kinigadner s’impose en Rally 2 et signe un Top 10 au général ! 9e du jour à moto, le livreur de pizzas de 26 ans semble à l’aise dans les dunes. C’est d’ailleurs dans celles toute voisines de l’Abu Dhabi Desert Challenge qu’il s’est fait remarquer début 2023 en s’imposant en Rally 2 et en décrochant son ticket d’entrée pour ce janvier en remportant le Challenge Road to Dakar. L’Autrichien a deux jours devant lui pour faire étalage de son talent dans les montagnes de sable avant de rallier Yanbu et d’ensuite d’aller défendre son titre à Abu Dhabi. Le W2RC est au programme d’Ebster qui espère rapidement se faire un nom.

LA STAT DU JOUR : 6

Au contraire de ses adversaires, Nasser Al Attiyah ne s’est pas engagé dans un jeu stratégique. Le Qatarien s’est adjugé le meilleur temps et porte à 6 le nombre de vainqueurs différents en autant de spéciales sur ce Dakar après Mattias Ekström (prologue), Guillaume De Mevius, Stéphane Peterhansel, Lucas Moraes et Sébastien Loeb. 6 sur les 6 premières étapes d’un Dakar, ce n’était plus arrivé depuis 2004, il y a de ça 20 ans (et 4 jours pour être tout à fait précis). À l’époque, Kenjiro Shinosuka, José Maria Servia, Giniel De Villiers, Ari Vatanen, Stéphane Peterhansel et Hiroshi Masuoka s’étaient succédé au sommet des chronos entre Clermont-Ferrand (France) et Tan-Tan (Maroc). Les efforts et le travail déployés pour rendre ce 46e Dakar aussi imprévisible que possible portent leurs fruits !


SUR UN AIR DE CLASSIC
Ondrej Klimciw
, au mano a mano avec Carlos Santaolalla depuis l’étape 2 où les deux animateurs de cette 4e édition n’étaient séparés que d’un point en faveur de l’Espagnol, a peut-être fait le break aujourd’hui. Dans l’étape 3, le pilote du Toyota HDJ 80 avait étendu doucement son avance. D’abord de 8 points, avant d’en reprendre un hier. Mais le pilote Skoda n’a pas fait dans la dentelle aujourd’hui. Vainqueur des trois tests du jour, il a repris l’avantage à coups de dizaines de points sur son principal rival ! 10 points dans le test 1, 20 points dans le suivant et à nouveau 10 points dans le dernier tronçon. Ce soir, Ondrej possède 29 points d’avance au général. Détenteur de deux victoires d’étapes sur ses trois premières participations, il en a déjà accumulé 6 sur la 4e édition pour porter son total d’étapes à 8 !

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