Journée de repos : Horizon Jeddah

Dakar 2022 | Repos 0 | RIYADH
8 janvier 2022 - 21:09 [GMT + 3]

Le troisième Dakar accueilli par l’Arabie Saoudite a rejoint sa capitale Riyadh après sept jours de course, regroupés en six étapes. À la journée de repos, les motards et les quadeurs ont déjà couru 1 627 km de spéciale et parcouru 2 170 km de liaison, soit près de 4 000 km. Les quatre roues FIA affichent 1 933 km de chrono, un peu plus que les motos arrêtées hier au quart de leur spéciale afin de garantir leurs sécurité, et 2 290 km de liaison, soit un total de 4 233 km affranchis depuis Jeddah. Le cap psychologique de la mi-parcours est dépassé.

Les anciens vainqueurs ont pris l’avantage dans les catégories les plus en vue, avec Sam Sunderland qui porte maintenant les couleurs de GasGas à moto, et de façon encore plus nette Nasser Al Attiyah qui a éloigné avec son Toyota Hilux la menace du BRX Hunter de Sébastien Loeb, 3e à  plus de 50 minutes. « Chaleco » Lopez, passé en T3 avec un Can-Am de South Racing, domine les « Proto-légers » tandis que le Brésilien Rodrigo Luppi de Oliveira mène les SSV. Chez les quads, le Français Alexandre Giroud tient peut-être sa chance d’aller conquérir le titre, tandis que les camions sont emmenés à mi-course par le Kamaz de Dmitry Sotnikov, déjà vainqueur en janvier 2021.

Sunderland Sam (aus), GasGas Factory Racing, KTM 450 Rally Factory Replica, Moto, W2RC, portrait during the Stage 6 of the Dakar Rally 2022 around Riyadh, on January 7th 2022 in Riyadh, Saudi Arabia -
Sunderland Sam (aus), GasGas Factory Racing, KTM 450 Rally Factory Replica, Moto, W2RC, portrait during the Stage 6 of the Dakar Rally 2022 around Riyadh, on January 7th 2022 in Riyadh, Saudi Arabia - © ASO/Charly Lopez
A car drives in the desert landscape, paysage,  during the Stage 6 of the Dakar Rally 2022 around Riyadh, on January 7th 2022 in Riyadh, Saudi Arabia -
A car drives in the desert landscape, paysage, during the Stage 6 of the Dakar Rally 2022 around Riyadh, on January 7th 2022 in Riyadh, Saudi Arabia - © ASO/Charly Lopez

Autos : Al Attiyah, patron du désert

Nasser Al Attiyah au sommet, voilà qui n’a rien d’une surprise. Le leader de l’armada Toyota avait tout remporté sur son passage avec son copilote Mathieu Baumel durant la saison 2021, à l’exception du Dakar (2e). Et c’est sur le même rythme qu’il a démarré l’année 2022, s’imposant d’abord sur les deux premières spéciales avant de cibler finement les étapes sur lesquelles il était en mesure de prendre le large. La mission n’avait rien d’évident avec Sébastien Loeb aux trousses au volant de son BRX Hunter, mais le Français a été nettement ralenti par la casse d’une transmission dans l’étape 3, puis par une vilaine erreur de navigation à la veille du repos. À la faveur de ces déboires, Yazeed Al Rajhi s’est intercalé dans le duel franco-qatarien, raflant la 2e place du général, à 48 minutes du patron. En ajoutant la 4e place provisoire du métronome Giniel De Villiers (après le retrait d’une pénalité de 5h initialement infligée pour un incident avec un motard) et la 5e du revenant Lucio Alvarez, le Top 5 est peuplé à 80 % de Toyota Hilux T1+. Le survol quasi-solitaire du désert saoudien par Al Attiyah doit beaucoup à la situation de ses deux rivaux habituellement désignés, Stéphane Peterhansel et Carlos Sainz, qui n’évoluent pas exactement en retrait, mais plutôt avec un coup d’avance. Pour sa première année en tant que constructeur officiel et avec la volonté de mener la révolution technologique, Audi table avec le RS Q e-tron sur les éditions à venir. Il n’empêche que même exclus du match pour la gagne, les trois pilotes de la marque aux anneaux se sont permis de jouer occasionnellement à l’avant, et sans complexes : une victoire d’étape pour Sainz et six places au total dans le Top 3 des spéciales disputées à mi-course.   Les buggies X-Raid qui ont dominé la scène les deux dernières années n’ont pas totalement réussi à se faire une place dans le combat des chefs, même si Jakub Przygonski, en embuscade en 6e position, n’a pas dit son dernier mot et tentera encore d’intégrer le podium final si le jeu de la course par élimination lui sourit d’ici à Jeddah. Derrière les grosses écuries officielles, plusieurs teams sont encore dans les clous des ambitions affichées à condition de ne pas subir en deuxième semaine. C’est le cas pour Mathieu Serradori (12e) etChristian Lavieille (13e), qui frappent aux portes du Top 10 en tant chefs de file des Century Racing et MD Rallye Sport, et peut-être davantage encore pour Martin Prokop (9e). En incluant dans le match pour les accessits le vainqueur d’étape « Orly » Terranova dans son BRX Hunter (8e), ainsi que le Russe Vladimir Vasilyev (7e) et le Lituanien Vaidotas Zala (11e), la route du retour vers les rivages de la Mer Rouge promet une confrontation à tous les niveaux.

 Motos : GasGas à tous les étages

En remportant la spéciale inaugurale du Dakar le 1er janvier, Daniel Sanders a ouvert son compteur en même temps que celui deGasGas. L’Australien, meilleur « rookie » 2021 arrivé en 4e position, a ensuite récidivé à deux reprises et occupé la tête du général durant deux jours avant de passer le relais à son coéquipier Sam Sunderland, leader du Dakar depuis quatre étapes. GasGas truste ainsi le sommet depuis Jeddah. Derrière, Matthias Walkner de chez KTM occupe la 2e place ravie à l’étape 3, à 2’39’’. Le champion du monde en titre est à la bagarre avec Adrien Van Beveren, le pilote Yamaha ayant occupé les 2e et 3e places du podium… avant d’en sortir hier. Il n’est qu’à 7’43’’ du leader, délogé par Sanders, remonté à 5’35’’ de son coéquipier. Quintanilla, meilleur représentant des Hondatenantes du titre, rôde en 5e position à 15’43’’, à moins d’une minute de Lorenzo Santolino affiché à 18’22’’. Le pilote Sherco, 6e du Dakar 2021, est installé à cette même position après avoir occupé à trois reprises la 5e place. GasGas, KTM, Yamaha, Honda et Sherco: cinq marques occupent le Top 6 à la journée de repos. Hero Motorsport peut se féliciter d’avoir remporté sa première victoire sur le Dakar. Joaquim Rodrigues a en effet fait briller la marque indienne une fois, comme le phénoménal Danilo Petrucci pour KTM, vainqueur de deux Grand Prix en MotoGP dans son ancienne vie, et directement au sommet sur la 5e étape, pour sa première participation à un rallye-raid. Un vieil habitué en revanche, Joan Barreda continue de tirer à vue et fait grimper son compteur personnel à 29 victoires d’étapes au guidon de sa  Honda. Mais « Bang Bang » a chuté avant-hier et s’apprête à reprendre la route de Jeddah avec une clavicule en capilotade. Le retour au guidon n’est pas assuré pour Ross Branch, parti à la faute en ouvrant l’étape 6 et qui pourrait se retirer demain. Skyler Howes est bel et  bien rentré « at home », victime d’un traumatisme crânien dont il devrait rapidement se remettre puisque Husqvarna annonce déjà son retour sur la prochaine manche du championnat du monde.

Comme l’an passé, les « patrons » des dernières éditions ont encaissé un coup dur en début de Dakar et s’attellent depuis à remonter méthodiquement. Le tenant du titre, Kevin Benavides sur sa nouvelle KTM, a rejoint ce clan de malheureux. L’Argentin pointe à près de 25 minutes du leader, Price à 39’09’’ et Brabec à 49’20’’. L’Américain revit le scénario de l’an passé qui l’avait vu revenir dans le match en deuxième semaine pour accrocher une 2e place à l’arrivée. Rien n’est joué, les écarts au sein du Top 15 n’ayant rien de rédhibitoire. À l’opposé de leur sort, Mason Klein vit un baptême rêvé sur le Dakar. Le « rookie » de vingt ans, 10e du provisoire à 37’08’’, joue dans la cour des grands et domine la catégorie Rally2 avec 39’37’’ sur l’autre nouveau venu Bradley Cox, le fils de la légende KTM Alfie, actuellement en 20e position scratch. Camille Chapelière, 3e Rally 2, se trouve aussi en 22e position du général provisoire à 50’10’’. Chez les privés expérimentés, Stefan Svitko (7e) pointe à 24’29’’, Xavier de Soultrait (14e) à 47’25’’ et Martin Michek (19e) à 1h11’47’’.

En Original by Motul, la catégorie des motards engagés sans assistance, le tenant du titre Arunas Gelazninkaz devance Milan Engel et le « rookie » Sud-Africain Charan Moore. Les habitués à ce défi que sont « Benji » Melot et le Roumain Emanuel Gyenes, 2e l’an passé et vainqueur 2020, complètent le Top 5 de la catégorie. Ces forçats du désert sont toujours 33 en course : près de cinq heures séparent le Lituanien du dernier classé, Amaury Baratin, 135e au global après avoir passé 25 heure de plus en selle que Sam Sunderland !

 

Quads : Copetti dans le rétro de Giroud

Alexandre Giroud est bien parti pour effacer le souvenir douloureux de ses deux dernières participations sanctionnées par des abandons. Le Français a pris les commandes du général lors de l’étape 5 des mains de l’Américano-argentin Pablo Copetti qui ne compte que 4’52’’ de retard et ne se laissera pas faire en deuxième semaine. Sorti du match hier après avoir chuté dans une grosse ornière, Manuel Andujar a détruit son quad dans l’opération. Le tenant du titre s’est envolé le soir même vers l’Argentine. Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, Aleksandr Maksimov en profite pour tenter de s’installer sur le podium final. Le Russe accuse 36’15’’ sur le Français.

« Proto-légers » : la méthode « Chaleco », le show Quintero

Le privilège de l’expérience, c’est avant tout d’apprendre de ses erreurs. Sur sa route victorieuse en 2019 comme en 2021 en T4Francisco Lopez avait empoché à chaque fois 5 étapes, mais aussi connu des hauts et des bas au classement général avant de s’imposer. Cette fois-ci, le Chilien table sur la régularité et n’a plus quitté le sommet depuis la 2e étape. Le pilier de « South Racing »atteint le repos à Riyadh avec 23 minutes d’avance sur son tout jeune coéquipier Sebastian Eriksson, qui bénéficie pour son premier Dakar de l’exemple d’un capitaine aguerri. Les Can-Am ne semblent pas paniquer de leur absence au tableau des spéciales, où Seth Quintero s’offre un véritable carton au volant de l’OT3 Red Bull. Bien qu’exclu du jeu de la gagne par la casse d’un carter de différentiel sur l’étape 2, le tout jeune Américain réalise une démonstration sur les pistes et dunes saoudiennes : avec 6 victoires sur 7 spéciales, il se montre imprenable quand tout roule et affiche même clairement son intention de chasser le record de 10 victoires sur une même édition, établi en 1994 par Pierre Lartigue« Chaleco » roule bien loin de ces préoccupations statistiques.

SSV : Le Brésil de retour

On peut parler d’une petite tradition brésilienne chez les SSV, dont le palmarès officiel avait été inauguré en 2017 et en 2018 par Leandro Torres puis Reinaldo Varela. Cette année, la voie du succès semblait surtout ouverte à Austin Jones, impérial sur l’ensemble de la saison 2021 après avoir joué le rôle du dauphin de « Chaleco » sur le Dakar. C’est bien l’Américain qui s’est montré le plus régulier à un haut niveau de performance en début de course, menant même la troupe durant trois jours au classement général. Pendant ce temps-là, le clan polonais soufflait le chaud et le froid, remportant toutes les spéciales avec Marek Goczal, son frère Michal et leur pote Aron Domzala, mais sans garder la constance qui leur aurait permis de se placer idéalement en vue du titre. De son côté, le nouveau venu sur le rallye Rodrigo Luppi de Oliveira avançait discrètement, jusqu’à rafler l’étape 5 qui lui donnait aussi accès au fauteuil de leader, au détriment d’Austin Jones. Le pilote Brésilien ne boude pas son plaisir de souffler un peu à Riyadh avec 6’56’’ d’avance sur Jones.

Camions : Du bleu, du bleu, du bleu ! 

Avec Dmitry Sotnikov, le tenant du titre, Eduard Nikolaev, quadruple vainqueur de retour aux affaires après avoir occupé des fonctions dans le management Kamaz l’an dernier, et Andrey Karginov, impérial en 2020, le clan des camions bleus tient sans conteste le rôle de favori légitime dans la lutte pour sa propre succession. Une couronne que Kamaz détient depuis 2017. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que les équipages russes ont nettement dominé les débats depuis l’ouverture de ce 44e Dakar à Jeddah. À l’exception de Janus van Kasteren et de son Iveco troisièmes lors des étapes 3 et 4, les Kamaz ont trusté le podium de chacune des sept spéciales disputées avant la journée de repos. Il y a bien eu Ales Loprais, neveu de Karel Loprais, sextuple vainqueur chez les camions, disparu deux jours avant le départ à Jeddah, qui a tenté à quelques reprises de venir gâcher la fête avec son Praga, en vain. Karginov mène la danse avec trois victoires contre deux pour Nikolaev et SotnikovKarginov devrait donc logiquement figurer parmi les leaders au général, mais c’était sans compter sur la boue de l’étape 4 qui lui a fait perdre près de 1h30. Combler ce retard s’annonce difficile surtout quand ceux qui occupent le podium provisoire sont ses coéquipiers… Sotnikov est installé en tête depuis l’étape 1B et affiche désormais plus de dix minutes d’avance sur Nikolaev et 38 sur Anton Shibalov, toujours en quête de son premier succès cette année. Van Kasteren pointe au quatrième rang de la hiérarchie à plus d’une heure, mais, à moins d’un rebondissement exceptionnel, il y a fort à parier qu’au retour à Jeddah, le bleu soit encore tendance sur le trône de la catégorie.

Dakar Classic : Les Land Cruiser se baladent

C’est le Toyota HDJ 80 emmené par Xavier Pina Garnatcha qui avait ouvert le classement du Dakar Classic à Jeddah. C’est celui de Serge Mogno et Florent Drulhon, qui comptent 15 points, à égalité avec Jérôme et Anne Galpin dans leur Protruck, qui est en tête à mi-course. 18e pour leur première spéciale, les Français n’ont pas mis longtemps pour caler leur rythme sur celui du Classic. 3e, 2e, 11e et 1e des spéciales suivantes, c’est trois fois sur le podium et c’est ce qui paye en Classic. Ex aequo, le couple Galpin parti de la 92e place à l’ouverture du rallye, signe deux podiums d’étapes mais aussi trois places entre les Top 30 et 40. Derrière le duo tricolore, Juan Roura Iglesias, encore dans une Toyota HDJ 80, est à plus 2 points, talonné par Jesus Fuster Pliego, lui à 3 points des leaders. Avec 41 Toyota HDJ 80 au départ, la loi du nombre a toutes ses chances de payer à à l’arrivée. Et il ne faut pas compter sur des avaries mécaniques sur cette flotte. Les statistiques de fiabilité plaident là encore en faveur du numéro fétiche de la lignée Land Cruiser !

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