Adrien van Beveren : « Ils sont tous mes potes… mais je compte bien les battre »


12 novembre 2018 - 14:59

Il est bien loin, le temps où le « petit prince des sables » cherchait à se faire timidement une place, répétant à longueur d’interviews qu’il se présentait sur le Dakar « avant tout pour apprendre ». L’édition 2018 est passée par là. Et paradoxalement, c’est dans la foulée de son abandon spectaculaire dans la 10e étape qu’Adrien van Beveren assume et affirme avec le plus d’aplomb son statut de vainqueur en puissance de la catégorie motos. Après avoir achevé son premier Dakar en 6e position, puis flirté avec le podium en 2017 (4e), le pilote Yamaha affiche à moins de deux mois du départ de Lima une détermination et un appétit de sable sans limites.

Adrien van Beveren, comment avez-vous vécu la journée de votre abandon sur le dernier Dakar ?
Je suis passé par toutes les émotions ce jour-là. Sur le premier tronçon de la spéciale, j’avais perdu ma position de leader provisoire du Dakar, puis ensuite je me suis calmé, j’ai pris sur moi, j’ai fait mon job et ça a payé puisque j’avais distancé tout le monde sur la deuxième partie. Je savais que je faisais une très bonne opération. Et puis juste avant l’arrivée, j’ai pris une pierre que je n’ai pas vue et j’ai été catapulté. Pourtant je ne roulais pas trop vite, il n’y avait pas d’euphorie dans mon pilotage. C’était juste le destin.

De quelle façon avez-vous encaissé cette désillusion ?
C’était très dur. Je touchais mon rêve du bout des doigts et il s’est écroulé. Heureusement, j’ai vite compris que physiquement je m’en sortirai, même si j’avais des côtes cassées, un poumon perforé et une épaule blessée. Mais je n’ai jamais douté une seconde que j’allais revenir sur le Dakar et j’ai même su très vite que ce serait cette année.

Comment s’est passée votre reconstruction, physiquement et mentalement ?
J’ai trouvé ça long, d’autant plus que les médecins n’ont pas souhaité m’opérer de la clavicule dans un premier temps et la cicatrisation a traîné. J’ai été invité à participer à un rallye sur asphalte en auto par PH Sport à la mi-avril, mais dès qu’ils m’ont mis le harnais, j’ai senti que la clavicule ne tenait pas. A ce moment-là, j’ai été opéré. Entre temps, j’ai fait énormément de vélo, ce qui m’a permis de travailler le foncier, et j’ai pu reprendre la moto pendant le mois de juillet. Maintenant, je n’ai plus mal nulle part et je roule aussi vite qu’avant.

Qu’avez-vous tiré de positif de cette période délicate ?
La première chose, c’est que j’ai très vite compris à quel point j’aimais ce que je faisais. Je n’en doutais pas, mais quand on en est privé, on le ressent davantage. Ensuite, bien que j’aie trouvé le temps un peu long, je me suis impressionné par ma patience, j’ai appris à me connaître. J’ai aussi pu réorganiser tout mon environnement de travail, j’ai par exemple commencé une collaboration avec le coach physique de Cyril Despres, qui a pris comme de nombreuses personnes beaucoup de temps pour m’aider et m’encourager.

« L’année dernière, j’étais en tête du rallye

en sortant du Pérou. Les dunes, j’adore ça »

Et la reprise de la compétition, sur le Desafio Inca (5e) puis sur le Rallye du Maroc (6e), a-t-elle été satisfaisante ?
Au Desafio Inca, je n’y suis pas allé pour gagner la course. Musculairement j’étais encore un peu faible, il fallait que la machine se remette en route. Et au Maroc le plateau était plus relevé, mais je ne me suis pas suffisamment engagé pour m’imposer et je l’assume. C’est assez dangereux, on roule sur des pistes cassées, des rios. C’était un exercice pour moi, un tremplin.

En revanche, la perspective pour le mois de janvier, ce sont les dunes du Pérou, votre terrain de prédilection…
C’est certain, l’année dernière j’étais en tête du rallye en sortant du Pérou. Les dunes, j’adore ça. J’espère aussi que la navigation sera dure, que je vais me perdre et que je vais me retrouver ! Je travaille en ce moment toute l’intensité qu’il faudra mettre dans la course et je partirai dans de très bonnes conditions, bien dans mes baskets.

Alors l’unique objectif, c’est la gagne !
Je sais que j’ai les clefs en mains pour gagner. La concurrence sera rude mais je ne fais pas de complexes. Si je devais définir le style de mes adversaires, je trouve qu’ils sont davantage « à l’attaque » que moi. Kevin Benavides par exemple, me donne l’impression d’être toujours à fond, alors que je recherche avant tout la fluidité. En tout cas, il y a une très bonne atmosphère entre nous, beaucoup de respect. Ils sont tous mes potes, mais je compte bien les battre.

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